Suicide d’un jeune couple d’amoureux à Jijel et naissance d’un nouveau roman algérien : Angels in love

Intervalle*

Deux jeunes amoureux se sont suicidés ensemble le 14 de ce mois à Jijel

La cité Ayouf à Jijel - racontent des sources médiatiques - a été ces derniers jours le théâtre d’un incident douloureux : une jeune mariée de 18 ans a trouvé la mort en voulant saluer son ami âgé de 20 ans pour une dernière fois avant son mariage avec un autre homme qui vit Sétif.

En effet, la jeune fille venait juste de célébrer la fête de mariage chez elle et s’apprêtait à convoler en justes noces ce week-end.

Elle était sortie donc de sa chambre vers quatre heures du matin, pieds nus à sa rencontre.

A défaut d’une union dans la vie - ajoute une autre source - ils décident de s’unir dans la mort après le refus des parents de la fille de consentir à leur union. Le malheureux amoureux, selon des témoignages, porte une prothèse à une jambe suite à un accident. 

Ils avaient vécu une histoire d’amour digne d'un roman avant que la jeune fille se liât  (ou avant qu’on la liât) avec un autre homme.

Romantique, n’est-ce pas ?
Toutefois une amie de la victime mariée a refusé l’hypothèse du suicide: selon elle, ce serait l’amant qui l’avait balancée du quatrième étage pour la rejoindre ensuite.

Toujours selon les dires de cette amie (ne me demandez pas comment elle l’avait su alors que les faits se sont déroulés pendant qu'elle-même et la moitié de la terre dormaient): l’amant aurait menacée la jeune mariée avec l’arme blanche pour l’obliger à l’accompagner dans un bâtiment en cours de construction, le bâtiment de la mort…

Réaction 1 de Berbericus

Profond respect de ces deux amoureux qui ont décidé ensemble de mettre fin à leur vie, pour dénoncer les obstacles qui les empêchaient de s’unir.

Réaction 2 de Berbericus

Condamnation sans recours du suicide qui est haram dans notre société et qui ne devrait donc pas ouvrir droit aux suicidés à la rituelle prière des morts.

Réaction 3 de Berbericus

Ce drame, restant un mystère, est passé dans les mains des éléments de la police judiciaire qui a ouvert une enquête.

Beau roman, n’est-ce pas? même si c’était tragique. Oui enfin avec ce drame jijilien, l’Algérie vient d’écrire un nouveau roman : ce sera son roman moderne...

En fait depuis Hiziya, on n’a plus entendu parler d’un amour aussi grand, aussi intense, aussi vrai et sublime en Algérie...

Pour le besoin, il faudrait peut-être donner un titre à ce roman en nommant les deux jeunes amoureux. Mais à défaut - nos sources (pudiques et réservées comme toujours) n'ont pas eu l'idée de donner un visage franc à cet amour - je vais proposer de ma part au moins un titre à cette tragédie: Angeles in love.

Seulement voilà : certaines sources (bonnes ou mauvaises langues) parlent plutôt d’un crime qui n’a donc rien de romantique !

Et dans ce cas - le sens de la vie et des choses de la vie ne se déterminant que par leur fin ultime, irréversible - la passion de nos deux amoureux ne saurait s'élever à l’amour céleste et beau qu'une fois fauché - oh, paradoxe ! - par la mort... c'est affreux ?

Certainement, mais entre temps l’Algérie - n'est-ce pas ? - a eu son nouveau Roman !

Il existe deux types de mort: celle sublime à l’image de la sublime fin (le but, la ghaia) qui la suscite, et celle laide et méchante à l’image de la crapuleuse fin qui la projette et la dessine.

Mais, au delà de toute autre considération moraliste et bigote, nos deux chérubins de Jijel méritent bien une messe (oraison) et l’entrée dans l’olympe des douces légendes…

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* Chers lecteurs, comme vous avez noté jusqu’ici, il m’arrive, de temps en temps, d’arrêter le cours d’un article à épisodes pour introduire un autre.

Donnons un nom à cette alternance/interruption et appelons-la Intervalle. Dorénavant ce label sera placé en haut à gauche de la page pour indiquer au lecteur qu’il s’agit d’un autre écrit. Merci !

Abdelmalek Smari