Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI
« Le concept de printemps arabe a été forgé
par les médias occidentaux. Il est une sorte
d’anarchie qui ne saurait s’élever au statut de
révolution au sens propre du terme. Car
la révolution est changement radical de
quelque chose de matériel ; elle n’est pas
une agitation spontanée. »
Rachid Boudjedra
Halal pour moi, haram pour toi
« La Cour de cassation de Doha » - écrit Aniss Z. dans le quotidien El Watan du 22-10-13 – « a confirmé la peine de 15 ans de prison prononcée en appel contre Mohamed Al Ajmi, alias Iben Al Dhib, jugé depuis son arrestation en novembre 2011 pour «un poème du jasmin» saluant le Printemps arabe et exprimant l’espoir qu’il s’étende aux monarchies du Golfe. »
Juste constatation à laquelle Moncef Wafi dans le Quotidien d’Oran du 23-10-10 répliqua :
« C’est cher payé dans un pays qui joue au défenseur de la démocratie.. mais ailleurs que sur son sable. Aussi loin que possible, en Libye, en Syrie surtout quand il s'agit de faire couler le sang arabe. »
Que voulez-vous ? c’est la sempiternelle objection de l’égoïsme à outrance, chère à Berbericus : c’est du « Halal pour moi, haram pour toi »
Le vrai dindon d’une vraie farce…
Cependant bebericus et ceux qui le manipulent comme une marionnette (à commencer par sa sotte presse locale bien-pensante, elle-même manipulée par les médias dominants des puissances prédatrices dans le monde) ne sont pas de notre avis !
En attendant donc son réveil, berbericus demeure ce qu’il a toujours été : un vrai dindon d’une vraie farce…
On (les puissances prédatrices et leurs relais locaux) lui a enseigné le mot dictateur et il l’a appris… par cœur ;
on a diabolisé ce mot et lui y a cru et justement l’a abominé ;
on a marqué de ce mot, comme d’un fer chauffé à blanc, ses gouvernants et lui, berbericus, a assisté à ce marquage et en a applaudi le beau spectacle ;
on lui a dit aussi, en passant, que ses gouvernants font partie de la patrie, et il a cru ;
on a corrigé le tir ensuite en lui soufflant que ses gouvernants sont la patrie en terre et en roche, et lui, berbericus, n’en a pas démordu d’un poil ;
après quoi on lui a demandé s’il aimait encore ses gouvernants (qu’on a appelés dictateurs et confondus avec la patrie), et lui, en bon élève qui excelle dans la stupidité, il a répondu que non, qu’il n’aime pas du tout ses gouvernants dictateurs qui se cachent derrière la patrie ;
alors on l’a armé et on lui a intimé l’ordre de libérer la patrie de tels dictateurs, c'est-à-dire de ses gouvernants, c’est-à-dire de la patrie… d’être une patrie !!!
Et, lui, il n’a pas hésité un instant à foutre en l’air ses frères et sa terre, sa dignité et son humanité, son âme et son histoire ;
enfin on l’a récompensé comme il se doit par tant de misères et tant de servitudes…
bref on l’a chassé de l’histoire et de l’humanité !
Pourtant…
pourtant ses gouvernants - et ça, tout le monde le sait à part bien sûr berbericus – ne sont pas la patrie : eux ils peuvent être volages et ils sont certainement éphémères car mortels, mais la terre-patrie, elle, est constante et éternelle.
Pourtant ses gouvernants l’aiment vraiment, pas comme les semeurs de zizanie qui, eux, ne veulent que sa ruine, rien que sa ruine.
Pourtant ses gouvernants lui pardonnent et ils l’aident en plus, avec indulgence et sincère générosité, à corriger ses erreurs, à se perfectionner et à se racheter, lui, le non-perfectible (c’est Ernest Rénan qui le dit) !
Pourtant ses gouvernants ne font que s’échiner pour l’envoyer à l’école,
pour lui construire des logements et des routes qu’il utilise sans payer et dont il abuse,
pour le tenir propre surtout ; lui qui produit plus de dix milliards de kilos de saletés et de puanteur par an et qui ne contribue même pas avec le dixième d’un dinar à leur ramassage et à leur destruction,
pour veiller à sa liberté et à sa sécurité,
pour ressusciter ses mémoires ensevelies sous les montagnes d’ordures (in)civilisationnelles accumulées par les siècles (destructions de masse, enfumages, pillages, violences et viols, humiliations et ce dans un océan de mystifications et de mensonges) - ces ordures sont le seul et unique legs inconfondible que berbericus ait pu hériter des despotes ottomans et français -,
pour lui éclairer ses nuits et rafraichir ses saisons de canicules,
pour soulager ses angoisses et guérir ses maladies,
pour nourrir sa faim et habiller sa vergogne afin de le présenter à son époque comme un enfant digne de cette époque…
Berbericus, l’Algérien, est-il si imbécile ?!
est-il si ingrat ?!
est-il si aveugle ?!
Non, c’est que plus de quatre siècles de domination raciste absolutiste des ottomans et de leurs héritiers, les français, l’ont dressé à ne plus faire confiance dans la Politique et aux politiques.
Non, berbericus n’est ni imbécile, ni ingrat, ni aveugle : c’est il peine encore à remettre sa montre en marche.
Il peine encore à croire qu’il est enfin libre de ses jougs et de ses maitres les colons.
Il s’émerveille, , du fait qu’il puisse avoir des gouvernants issus de sa propre chair.
Il s’étonne qu’il puisse lui-même être gouvernant de lui-même.
Bref il est encore sous le choc de se voir enfin libre après plus de quatre siècles d’humiliation et de servitude.
Les doigts du pianiste virtuose
C’est quoi un pays civil ?
Vous l’aurez compris, chers lecteurs, c’est être solidaires entre les citoyens de ce même pays où les dissidences doivent céder - et avec déférence et liberté - devant la solidarité du groupe et la défense de l’intérêt public.
Car gouvernants et gouvernés ne sont qu’une et même chair. Ils sont deux catégories, toutes les deux utiles pour la division sociale des tâches et des rôles de chacun au sein de la Cité.
La valeur des uns et des autres n’obéit pas à la règle de qui possède le plus d’or et d’argent ou de chèvres et de chameaux (cette valeur tient debout seulement chez les arriérés et les incultes).
Non !
L’homme, le vrai citoyen au sens beau et rationnel du terme, est celui qui s’acquitte avec conscience, liberté et responsabilité de ses devoirs pour gagner honnêtement sa vie et celle de ses enfants et contribuer par là même à l’intérêt général et ce en toute sérénité.
Si berbericus veut vraiment s’affranchir de sa condition de pâture pour la misère, d’enculé de la terre, de malheureux et de bougnoule, il n’a pas d’autres issues que ça : comprendre ses compatriotes gouvernants et gouvernés et être solidaire avec eux.
Le reste c’est de la rhétorique de mauvais goût, une sottise donc, bien que sophistiquée, qui risque de ne jamais arriver aux oreilles de berbericus.
C’est pourquoi il faut lui parler par pierre interposées (étant donné que de ces côtés-là on est encore à l’âge de la pierre, même pas bien taillée !), ici, concrètement, terre à terre.
Prenons l’exemple de la France, pays civil par excellence. Tous les efforts sont focalisés sur un même but, sur une même action, par tous les citoyens unis dans l’entente et l’harmonie comme les dix doigts du pianiste pour la traiter de tous les côtés la question du Mali, et avant elle, celle de la Libye de Kadhafi.
Mais les Algériens, à cause de leur dé-solidarité (créée et maintenue à dessein surtout par les pays prédateurs et enculeurs), ils n’arrivent jamais à assumer leur responsabilité de citoyens !
Et ce, bien que de temps en temps on les entende crier, excités comme l’aiguille d’un sismographe « One-two-tree, viva l’Algérie… » ;
et bien qu’ils cherchent à se mimétiser avec les bédouins (qui, eux, quoi qu’on en dise défendent malgré tout un semblant d’intérêt commun : celui de leurs semblants de princes) ou avec lesdits occidentaux.
Etre citoyens signifie avant tout une règle générale concrète :
travailler pour l’intérêt général en aidant nos gouvernants à bien gouverner,
être solidaires les uns avec les autres,
payer (ses impôts) pour voir le cinéma, pour avoir droit à la citoyenneté.
Car ce n’est qu’après l’accomplissement de ces/ses devoirs qu’on pourrait légitimement revendiquer le droit à la citoyenneté et à dignité historique, et oser interroger ses gouvernants sur leurs devoirs et les juger aussi.
Or ce que berbericus fait pour le moment, et il est champion en ça, c’est qu’il veut voir le film non seulement avant de payer, non seulement ne pas le payer du tout, mais il veut lui-même être payé et supplié !!!
Y a-t-il une raison dans notre monde qui peut résoudre cette énigme ?
Droit? Devoir? Ou le dilemme Poule ou œuf chez l’Algérien
Celui qui nous connaît, nous autres Algériens
(y compris nos journalistes et nos intellectuels), saura bien que nous avons tendance à faire valoir d’abord nos «droits», puis, aux devoirs, on y pensera plus tard, à tête reposée, quand on
voudra et si l’on voudra.
Mon humble expérience d’«occidentaliste» (dans le sens que j’ai donné à ce mot dans mon roman homonyme) m’amène à penser que dans les autres pays qui se portent mieux (je veux dire les pays
développés), les citoyens procèdent dans le sens inverse: d’abord ils accomplissent leurs devoirs comme on accomplit une fonction biologique, puis ils revendiquent leurs droits : ils reçoivent pendant, pas avant qu’ils donnent.
En tous les cas ils doivent donner pour
recevoir. Et c’est le sens même de l’investissement. Le contraire c’est du parasitisme.
Un processus donc tout à fait sage et altruiste parce que réaliste. Du reste qu’est-ce que le droit, si n’est le produit immédiat, ou en différé aussi, du devoir ?
En effet l’Algérien ne saurait œuvrer en faveur de son pays, en faveur de l’intérêt général de ses concitoyens, si on ne le paie pas d’avance.
Il semble qu’il n’ait pas encore mûri la notion du droit et de son corollaire le devoir.
Il n’a pas encore compris que le tandem droit/devoir ne saurait être réduit à l’aporie du dilemme poule ou œuf.
Le devoir précède ou accompagne le droit, le contraire ne saurait être vrai. Dans la vie, du biologique jusqu’au politique, c’est le devoir qui détermine le droit.
En plus l’Algérien ne peut pas concevoir que le droit doit être partagé avec les autres individus de la communauté.
Pour lui, le domaine du droit (l’effet ou fait-droit) s’arrête là où son ego finit de s’en servir.
Et c’est cette déformation de la vision/conscience qui le porte à nier, cependant plus par ignorance que par conviction, ce même droit à l’autre.
En d’autres termes cette déformation le porte à dénier tout bonnement l’existence d’une dimension morale et politique qui s’appelle devoir !
De ce fait l’Algérien serait ingrat : si l’on n’obtempère pas à ses exigences, il menace de renverser la table ou la terre sur nos têtes.
Il ose insulter ceux qui sont morts pour le ressusciter en tant qu’organisme biologique d’abord (ce qui est en soi un miracle), ensuite en tant qu’être historique, enfin en tant qu’homme digne d’exister et d’être respecté.
Il est ingrat quand il n’accepte pas, en tant que contribuable, de participer à l’intérêt général de son pays,
quand non seulement il ne paie pas ses factures d’eau et d’électricité et gaz mais il vole l’eau et l’énergie et jusqu’aux câbles électriques et aux conduites de cuivre, et sabotent sans distinction toutes les marafiq publiques,
et quand il verse ses déchets au seuil de sa maison et accuse la municipalité d’être sale, de ne pas faire son travail et de voler l’argent du bled, c’est-à-dire son( !) argent…
Berbericus n’est pas à une contradiction près comme on voit… il pense détrousser ses gouvernants alors qu’il ne fait que se voler lui-même, sans le savoir.
D’où son épouvante face à l’insoutenable absurdité de ce monde (le sien), le monde qu’il se crée. D’où aussi sa tentative désespérée de comprendre ou trouver des causes et des remèdes donc à son marasme.
Mais puisqu’il est ingrat comme tous les égoïstes, il ne voit que ce qu’on lui désigne comme cause de son malheur : dans ce cas ses concitoyens et en particulier ses gouvernants.
Tous à ses yeux sont coupables de son propre malheur, sauf lui-même !
pauvre victime du sort et des hommes !
Mesquin qu’il est, privé comme il est du sens de responsabilité !
Combien de siècles doit-il parcourir encore, combien de sages doit-il consulter, berbericus, avant qu’il comprenne qu’il est lui-même la source de ses malheurs ?
Quand est-ce qu’il va se penser, se poser et agir en responsable du propre destin ?
Quand est-ce qu’il va comprendre que la clé de la solution de ses problèmes est dans sa poche ?
Et si les puissances prédatrices apprennent qu’un certain mal te fait du bien, elles t’en priveront !
Je l’ai dit tout le long de ce long écrit et ailleurs et je le répète ici encore : les puissances prédatrices sont de maniaques défenseurs de l’ordre et de la stabilité chez eux, à casa loro.
Mais chez les enculés et autres bougnoules de la terre, ces puissances du mal sont des adversaires féroces de ce même ordre et de cette même stabilité.
Et elles ne sont pas à ces seules flagrantes contradictions : si par exemple la dictature même se faisait ordre et stabilité, elles feraient de tout, elles renverseraient ciel et terre, pour qu’elle soit effacée de la face de la terre.
De même, par analogie, si la démocratie ou la bonne gouvernance se faisaient chaos et destruction (et ce par quelque absurde accident de la politique et de l’histoire), ces mêmes puissances perverses et cruellement égoïstes accepteraient avec joie, voire avec orgasme, un tel chaos et une telle destruction.
A nous de choisir donc entre ces deux enfers et abdiquer devant le misérable et ignoble sort auquel nous contraignent nos prédateurs.
Mais pour les âmes nobles et libres il ne reste que la voie de retrousser les manches. Car rien ne s’offre, surtout dans le monde des valeurs, mais tout s’arrache grâce à la vitalité de nos méninges, à la sueur de nos efforts et aux douloureuses tensions de notre engagement et de notre discipline pour imposer l’ordre et la stabilité dans nos pays.
Ce n’est qu’à ce prix, cher berbericus, qu’on peut construire l’ordre et la stabilité chez nous.
Ordre et stabilité, deux pré-requis, dont on a grand besoin, si l’on veut vraiment avoir une vie digne et respectée, rentrer dans l’histoire, accéder à la modernité et cesser d’être les éternels parasites des civilisations qui se construisent sans nous et nécessairement à notre détriment.
C’est la cohésion sociale ou, en d’autres termes, la solidarité dans l’harmonie des citoyens d’un même pays - « Fard b’tan ou illa Fard w’tan » comme dit l’un des proverbes sages de notre terroir - qui construisent les états et les empires.
Interrogeons Marc Aurèle, Mohammed le prophète de l’Islam ou Christine Lagarde :
Le premier devait préserver l’empire romain ; un empire qui n’a pas cessé un jour d’influencer l’histoire de l’humanité jusqu’à nos jours présents.
Le second a construit l’une des plus belles civilisations du savoir et de la paix avant que des princes-singes et autres Qaradaoui l’aient enlaidie par leur lâcheté et leur cruauté.
La troisième, Lagarde, soutient l’état le plus vieux du monde, encore en vigueur et toujours jeune comme si le temps ne passait pas sur lui.
A nous de choisir donc et suivre les sages leçons de ces modèles de respect pour leurs pays et pour l’intérêt général de leurs peuples.
Il est nécessaire de comprendre que ce type de grands hommes et femmes n’ont jamais été seuls dans leurs besognes, autrement on ne les aurait jamais entendus ou connus : ils sont la voix par laquelle leurs concitoyens, ceux qui partagent avec eux les mêmes idéaux, nous parlent.
Car il va sans dire que les œuvres de ces grands hommes et femmes sont les œuvres de leurs concitoyens.
Abdelmalek Smari