Dieu à Ain Sdari

Quand j'étais enfant

et petit tout petit encore

comme l'homme à son aube

à peine dieu inventé

ayant à peine alors

connu mon oncle

aux dents d'or et de platine

je le suspectais de notre puits

Ain Sdari le fournisseur d'eau.

Je le voyais de nuit

avec un sceau gros

comme une chambre ronde

remplir notre exsangue puits

et de sourire de platine

et d'or remplir sa bouche

et de merveilles mon cœur.

Puis un jour ce dieu mourut

comme celui de Nietzsche

cela s'était passé un jour

que j'étais fini sur le haut de la colline

qui veillait sur notre puits

de jour quand dieu s'endormait

après son tour de nuit…

donc…

Puis un jour ce dieu mourut

comme celui de Nietzsche

et ce fut tant pénible

pour ma pauvre petite âme

qui avait dû en suivre

le cahoteux cortège funèbre

jusqu'au haut de la colline

et puis en aval jusqu'au puits

suivant une conduite de plomb

qui nous donnait à boire

une eau fraîche et limpide

œuvre et peine de l'homme

à son tour œuvre de quelqu'un d'autre

un angle qui cachait un autre angle

œuvre d'un dieu

que je ne saurais inventé

je ne suis plus petit enfant.

Varazze 19-09-15 – 12.00

Abdelmalek Smari