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Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI

Lettre ouverte à M. le Président de la République: Défendons bien nos frontières mais de grâce n’intervenons pas au Mali !

 

« La Situation de l’Allemagne nazie ne s’améliora

que par le recours à une ‘‘économie de guerre’’

avant la lettre. Finalement, seule la guerre fit sortir

l’économie mondiale de la grande crise. »!!!

Pierre Dockès – Sciences Humaines (Les grands dossiers) N° 28 -2012

 

« Voilà une grande question de biologie qui n’a pas vraiment pas de réponse : chez les animaux, copuler augmente-t-il le risque de se faire manger par un prédateur ? Les scientifiques pressentent que la réponse est un "oui" car faire la bête à deux dos cumule trois handicaps : on est un peu occupé et la vigilance baisse ; même collés l'un à l'autre, on est plus visible à deux qu'à un seul ; et une fois que le mâle a grimpé sur la femelle, les stratégies de fuite deviennent tout de suite moins efficaces...  » (Pierre Barthélémy)

 

M. Le Président,

Est-ce juste que l’Algérie intervienne militairement dans les affaires internes du Mali ?

Est-ce juste qu’elle fasse la guerre au Mali ?

Est-ce juste qu’elle manque à ses principes fondateurs de la politique de bon voisinage et de la paix entre les peuples et les nations ?

NON et cent fois NON!  Pas en mon nom en tout cas. Car ce n’est pas du tout juste !

Mais si notre pays, notre chère Algérie (ses gouvernants), devait quand même s’allier avec les Nostalgiks de la colonisation, avec ses oppresseurs d’un hier très récent, pas encore mort ; si elle devait s’allier avec les nations prédatrices et avec leurs complices et vassaux plat-ventristes d’autres damnés-de-la-terre (gouvernants) africains, pour faire la guerre aux Maliens, ce ne serait pas juste et en tous les cas personnellement je refuse qu’elle se fasse en mon nom !

Mais étant citoyen algérien, je me plie sous le poids qui fait fléchir notre pays, notre chère Algérie (nos gouvernants), et j’assume cette responsabilité. Car je suis responsable et conscient que, puisque jusqu’ici j’ai toujours profité des fruits de notre juste révolution, je dois être responsable et accepter de partager la responsabilité des bêtises de ma chère Algérie (mes gouvernants) et de sa première guerre injuste (va detto), sa guerre contre un peuple frère.

Bien entendu, ma responsabilité sera passive car acceptée par impuissance puisqu'il n’y a pas dans mon cœur un brin de cette pulsion, d’ailleurs factice, de va-t-en-guerre.

En outre il n’y a pas en moi la moindre intention de prendre des armes contre mes gouvernants - qui ont décidé (par chantage) de faire cette guerre à leurs/nos/mes frères - et ceci dans le but de les (mes gouvernants) dissuader de mener cette guerre fratricide.

Comme il n’est pas point dans mon cœur, sans l’ombre d'aucun doute, de velléités de prendre les armes contre mes frères maliens.

Et tant que durera cette scandaleuse agression, je ne cesserai de la dénoncer, d’en vilipender les exécuteurs et d’en démasquer les vrais maitres et seigneurs, les vrais mandataires, les vrais guerrafondai : les Nostalgiks de la colonisation.

Il n’est donc pas juste que l’Algérie intervienne au Mali et lui fasse la guerre; pas en mon nom, en tous les cas.

Mais j’en assume quand même une part de cette méchante - car négative - responsabilité pour la simple et directe raison que ma chère Algérie (ses gouvernants), y a été forcée et par les menaces et par les chantages des puissants et redoutables Nostalgiks de la colonisation, par les puissances prédatrices et mercenaires, opérant à la solde de l’empire de tous les empires, à la solde de notre oncle à toutes et à tous !

              En faisant la guerre aux Maliens (cette tendre et chère chair de notre chair à nous, Algériens), sache bien, Ma chère Algérie, que tu te comporteras comme la plus bête parmi les créatures de dieu (parole d’Alfred Binet) : en nous baisant entre frères, « on serait un peu [ comme ces mouches de l’incipit ] occupés et [ avec ]  la vigilance [ qui ] baisse… » et avec notre dignité qui se meurt et nous avec !

             Un espoir nous reste cependant : que nos gouvernants - contraints, sous la menace et le chantage, de faire la guerre à nos frères par et pour le compte des vrais seigneurs de la guerre, les Nostalgik des colonies perdues - n'aillent pas jusqu'à y prendre goût. Ils sauront saper ces menaces et ces chantages.

Que ce bellicisme soit donc « une-fois » ; il ne doit en aucun cas se transformer en « coutume ».

Hélas, déjà par cette malheureuse décision/capitulation, l’Algérie a fait une entorse gravissime à l’un parmi les plus humains des principes de novembre 1954 : « Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions. » 

Ou bien existe-t-il une exception à ce notre grandiose principe et alors les Maliens seraient l'origine de cette exception ?

Que l’Algérie - ou qui, pour elle, décide - n’y prenne pas goût.

Qu’elle se garde de succomber facilement devant des faux prétextes (le chantage des Nostalgik des colonies perdues, la défense « préventive » de nos frontières ou autres… et des prétextes il y’en aurait à flots pour peu qu’on les formule !) pour déclarer la guerre aux autres au moindre problème qu’elle rencontre, pour un oui ou pour un non !

D’ailleurs, et déjà, qui sait si l’Algérie aura les moyens de mener à terme cette insolite guerre ? Une guerre, on sait bien quand elle commence, mais en finir avec… seul le Père eternel en serait peut-être capable ; toujours qu’il veuille intervenir dans les affaires louches et cruelles de ces bêtes qui ont pour unique grâce la capacité de se faire appeler : Hommes.

 

Qui sait… ?

Qui sait si l’Etat algérien ne va pas engloutir dans les tout premiers jours de la guerre, sa guerre, les maigres 200 milliards de dollars que comptent ses caisses si l'on écoute certaines mauvaises gueules (fromage contendu entre renards, corbeaux et autres parasites qui bavent d'une envie bête et inutile ) ?

Drôle de fortune, d’ailleurs, que celle de tout un pays qui, sous d’autres cieux - les cieux d'un Bill Gates, d’un prince bédouin, d'un trafiquant d’armes ou d’un revendeur d’organes humains - sonne comme Argent de poche !

Qui sait si l’Algérie ne va pas, dès le premier mois de sa guerre, recourir déjà à l’emprunt de l’argent près ces mêmes maitres-chanteurs, ces renards, ces Nostalgiks des colonies perdues, ces requins pour qui 200 milliards de dollars ne sont qu'argent de poche afin de pouvoir poursuivre sa guerre ?

Qui sait si l’Algérie ne va pas briser l’échine des Algériens avec le joug d’une super-taxe de guerre et ne plus leur permettre de soulever la tête ?

Qui sait si l’Algérie ne va pas laisser tomber, par appauvrissement (car alors elle s’appauvrira inéluctablement), tous les projets de l’édification du pays; si elle ne va pas renoncer à la maintenance de ceux déjà réalisés ?

Qui sait si ensuite elle pourra faire face à la rage de ses citoyens gâtés et vicieux comme ils sont, habitués à bouffer sans récolter,

à rouler sans fabriquer un boulon,

à se chauffer ou se rafraichir sans payer de factures,

à aller à l’école et à être protégé socialement et sécuritairement sans payer de taxes…

Qui sait si l’Algérie sera capable de contenir la colère bestiale de ses citoyens que l’appauvrissement aura transformés inéluctablement en hordes de bêtes féroces, capables de vendre jusqu’à leurs mères, leurs sœurs ou leurs femmes pour un morceau de pain ou pour un sou… figurons-nous leur pays, leur dignité ?

Qui sait si ce n’est pas là, dans ce bourbier, dans cet enfer, où les Nostalgiks des colonies perdues veulent justement fourrer l’Algérie, gouvernants et gouvernés ?

Qui sait si les Nostalgiks des colonies perdues s’adonnent avec une joie orgastique à ces guerres – appelées aussi récemment : printemps arabes – justement pour faire sortir leurs économies de la grande crise qui est en train de les terrasser ?

Qui sait si les Maliens ne vont pas riposter à notre agression pour libérer leur pays et nous donner, à nous, agresseurs, une leçon d’honneur et d’humanité ?

Qui sait s’ils ne vont pas chasser les agresseurs (dont nous-mêmes nous faisons partie à côté des mêmes Nostalgiks des colonies perdues) et les poursuivre jusqu’à l’intérieur de leurs territoires ?

Qui sait si les mêmes Nostalgiks des colonies perdues qui ont déclaré la guerre aux Maliens et nous ont forcés à y prendre part malgré nos principes de novembre, ne vont pas les aider à se libérer de leurs agresseurs en les armant, en les ravitaillant, en leur faisant de la propagande et –comble – en faisant voter au dit Conseil de sécurité de l’ONU une résolution pour chasser du Mali les envahisseurs du nord (qui serons nous !) ?

Qui sait si on ne risque pas de devenir, nous-mêmes, les Maliens de ces jours, les Irakiens d’hier : les Algériens de demain ?   

 

Que faire, M. Le Président ?

S’il nous est arrivé de déclarer la guerre aux Maliens en risquant mortellement notre vie, notre pays et notre dignité (ce qui est en soi un mal que l’encre infinie de l’écriture digitale s’épuise sans jamais arriver à le justifier), n’est-il pas plus honorable devant les hommes libres, devant l’histoire, devant dieu, de faire un pas en arrière ? se contenter de défendre nos frontières, sans plus.

Car déclarer la guerre à ces frères c’est bafouer nos principes de Novembre. Gardons-nous d’avilir ces principes qui ont prouvé leur justice, leur humanité et surtout leur noblesse et efficacité.

Nous pouvons donc dire : NON à l’intervention au-delà de nos frontière. Si le bourbier de la Libye ne nous a pas éclaboussé, c’est parce qu’on n’est pas intervenu.

Mais les Nostalgiks des colonies perdues ont la vie longue et la figure de zinc : comme tout prédateur, ils ont une patience, une espérance et une efficacité félines, très précises, impeccables, impitoyables.

Disons NON !!! - M. Le Président.

NON à l’intervention de l’Algérie au Mali !

 

Sincèrement Vôtre

 

Abdelmalek Smari

 

 

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