Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI
Alouettes, gentilles alouettes,
Alouettes, je vous plumerai.
Je vous plumerai la tête.
…
Je vous plumerai le bec.
…
Je vous plumerai les yeux.
…
Je vous plumerai le cou.
…
Je vous plumerai les ailes.
…
Je vous plumerai les pattes.
…
Je vous plumerai la queue.
…
Je vous plumerai le dos.
…
Alouettes ! Gentilles Alouettes !
Alouettes, je vous plumerai.
Chers lecteurs, les articles qui suivent sont l’introduction d’un ouvrage fin prêt qui attend d’être publié. J’invite donc tout éditeur qui le lirait à me contacter ou à travers le blog ou à cette adresse e-mail : saemwakes@libero.it
Comme toujours, bienvenue à toute lecture critique.
Chapitre I
Démystifier ou s’agenouiller pour prier ?
« Face à une glossolalie, deux possibilités se présentent : la première, rire et proclamer la nudité du roi qui baragouine
un sabir solipsiste ; la seconde : le psittacisme, autrement dit, la manie du perroquet qui répète cet idiome avec sérieux et gravité, convaincu que cette langue ne voulant rien dire fait sens, puisqu’une poignée de disciples y souscrit de manière appliquée. Soit : démystifier ou s’agenouiller pour prier. » Michel Onfray - « Le crépuscule d’une idole » 1
Ces écrits sont le fruit de réflexions faites sur le vif, au jour le jour, des évènements tragiques qui ont secoué cette partie du monde martyrisée qu’on appelle monde arabe et pas seulement lui.
Des réflexions donc sur les impressions que me laissait le cours infernal de ces évènements cruellement chaotiseurs subis mais jamais vraiment voulus ou recherchés par les malheureux vaincus que sont les peuples encore-damnés-de-la-terre.
Il s’agit donc d’un recueil de certains articles que j’avais publiés sur mon blog, il y a quelques années de ça. Ces articles sont de longueur inégale : il y en a ceux qui occupent une ou deux pages et il y en a ceux qu’étendent sur une vingtaine de pages. Cependant ce qui est sûr c’est que tous contribuent, chacun à partir d’un point de vue spécifique, à construire un concept unique : la violence entre les nations ou l’oppression des nations faibles par les nations puissantes. Tous les articles convergent pour essayer de donner une idée, la plus complète possible, de ce terrible phénomène de violence politique. Un phénomène qui existe et est vieux comme le monde. Un phénomène lancinant qui ne cesse de s’étendre pour prendre des dimensions d’une ampleur épouvantable ; surtout avec les moyens qu’ont les puissants de pouvoir atteindre n’importe coin du globe et de semer mort et ruines parmi les faibles pour piller leurs ressources et exploiter les populations. En fait les forts ne se contentent pas de chaotiser nos pays en en démolissant les états et les institutions sociales. Ils visent aussi à dresser nos peuples et même les habitants d’une même ville ou d’un même douar les uns contre les autres. Et ceux parmi les pays victimes qui arrivent à résister, ils finissent par y succomber en quelque sorte. Sous la pression continue de cette épée de Damoclès, ces menaces et ces chantages, ils perdent en effet toute sérénité et toute raison et ils tombent donc dans un état de catatonie civilisationnelle. Car alors ils n’ont plus ni l’envie ni la lucidité d’œuvrer pour la prospérité de leurs peuples. Et le peu d’énergie qu’il leur reste, le gaspilleront dans les efforts de se défendre de ces menaces et essayer d’échapper à leurs bourreaux et prédateurs.
Bref cet écrit se veut une lecture posée, bien réfléchie, des évènements qui ont secoué certaines sociétés du Tiers-monde en général et du monde arabe en particulier. Evènements tragiques et nihilistes qu’on a cherché d’édulcorer avec de ridicules labels, comme la révolution des roses ou le printemps arabe. Evènements qui n’ont certainement aucune autre fin que celle de chaotiser ces peuples vaincus, leur rendre chaotique la vie, pour les maintenir encore sous le joug du néocolonialisme. Evènements factices, mais combien mortels et désastreux, si l’on sait qu’ils sont provoqués par l’impérialisme américain avec la complicité de ses vassaux européens et autres mercenaires parmi les bédouins du Golf et les néo-ottomans. Evènements qui ont séduit malheureusement une bonne partie des victimes elles-mêmes grâce au pouvoir redoutable de propagande et de mystification que l’empire possède et manie avec art et science, qui a la capacité à leur faire croire que leur geôlier et bourreau ne cherche qu’à leur importer la démocratie. Une démocratie que ces pauvres aliénés, ces gentilles alouettes, interprètent comme un changement fabuleux de leur sort, de la couleur de leur peau, de leurs yeux et de leurs cheveux ! Evènements cruels, criminels, assassins que leurs fomenteurs, les états puissants, veulent nous faire passer pour des actes réfléchis des peuples victimes, librement choisis, exécutés avec détermination et assumés avec joie et fleurs, avec solennité et sérénité, avec la foi et la responsabilité d’un pieux et crédule homme de dieu, en somme avec l’enchantement digne d’une alouette.
Donc ces écrits ont été publiés d’abord sur mon blog. Parfois je n’avais pas eu la présence d’esprit de garder les références bibliographiques des textes paraphrasés, cités ou appelés à témoins : tellement le temps et les évènements pressaient. Et puis, fasciné moi aussi et séduit, comme mes compères, par la propagande mystificatrice des pays dits civilisés et civilisateurs (bourreaux responsables de la chaotisation de nos pays), espérant et croyant dans leur bonté, je ne pensais point que de tels évènements allaient s’installer dans la durée - jusqu’au démantèlement total de nos états et de nos sociétés ! Je ne pensais pas également que mes écrits allaient acquérir un tel sens et une telle ampleur.
Certains parmi nous se sont allés jusqu’à baiser la main de leurs infâmes bourreaux et les remercier pour les bienfaits qu’ils leur prodiguèrent : leur anéantissement, leur mort, leur écrasement ! Souvenons-nous de ces images brandies, devant les caméras de télévision du monde entier, par ces hordes des dits révolutionnaires libyens qui remerciaient par écrit la France qui vint juste d’assassiner le guide libyen, d’abattre l’état libyen et de mettre à fer et à feu tout le peuple.
Le chaos ne peut être l’origine de l’ordre, même si on lui attribue un habit élégant comme celui de Créateur. Quand Condoleeza Reis et les Néoconservateurs de la politique américaine parlent de chaos créateur, ils ne font que nous jeter de la poudre aux yeux non seulement pour offusquer nos regards et les détourner de leurs desseins et actions destructives, mais pour nous le faire accepter, rechercher, voire désirer par les victimes.
Une telle mystification repose sur un postulat scientifique (astrophysique) qui stipule qu’avant le Big-bang, il y avait un chaos et que l’ordre n’est venu à cet univers qu’après la grande déflagration. Si les plus avancées parmi les théories cosmologiques ne savent rien sur la nature de l’univers avant le Big-bang, tout est hypothèse, et toute supposition est possible, mais rien n’est vérifiable. Et qui nous dit que le Big-bang n’était pas lui-même l’aboutissement d’un processus cosmologique régi par des lois bien précises, rigoureuses et inexorables ?
En fait le chaos ne donne que le chaos et l’ordre ne génère que l’ordre. Et que l’on n’essaie pas de cacher notre ignorance ou notre mystification derrière le chaos. Il n’y a que l’ignorance, l’idiotie ou le mensonge qui sont le chaos ou qui lui ressemblent.
Le chaos à ce point n’est que l’indice de notre ignorance, de notre idiotie ou de notre mensonge. Les révolutions ne sont pas le chaos, les vraies révolutions, celles qui gagnent et vainquent les ordres mourants devenus désordre et chaos justement ; même si ces révolutions utilisent souvent le chaos pour miner ou donner le coup de grâce aux systèmes pourris et mourants qu’elles veulent substituer ou remettre en ordre.
Abdelmalek Smari
Biblographie :
1- Michel Onfray - « Le crépuscule d’une idole »