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Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI

La haine de « l’Orient après l’amour » ou une autre manière chez Berbericus d'être antisémite (1)

 

 

 

« Face à une glossolalie, deux possibilités se présentent :

la première, rire et proclamer la nudité du roi qui baragouine

un sabir solipsiste ; la seconde : le psittacisme, autrement dit,

la manie du perroquet qui répète cet idiome avec sérieux et

gravité, convaincu que cette langue ne voulant rien dire fait

sens, puisqu’une poignée de disciples y souscrit de manière

appliquée. Soit : démystifier ou s’agenouiller pour prier. »

Michel Onfray « Le crépuscule d’une idole »

  

A l'occasion de la Journée de la mémoire, je tiens à souhaiter de meilleurs vœux de paix et de respect à nos frères Sémites qui ont eu à affronter l'horreur nazi-fasciste.

Je le fais en mon nom propre et au nom de ceux de mes concitoyens qui ont une conscience historique, une sensibilité, une dignité et du respect pour les autres.

Quant à ceux qui doutent encore de la fraternité qui nous lie au reste des populations sémitiques, j'espère que le jour arrivera où ils décideront enfin de sortir de leur égoïsme étriqué et borné.

 

Indigène, haïs-toi toi-même !

L’an dernier, en ce moment et en cet espace, j’avais parlé des fumades à l’occasion de la Journée de la mémoire et ce pour dire à mes compatriotes algériens de s’y arrêter, eux aussi, un instant pour méditer sur l’horreur coloniale subie par nos parents et nos ancêtres et sur celle nazi-fasciste infligée à nos frères (de sang et, pour une partie, de sol aussi) juifs et aux Gitans.

Ces derniers sont malheureusement, aujourd’hui encore, errants et encore maltraités et persécutés au cœur de l’Europe des droits de l’homme et des lumières (voir la France d'un Sarkosy).

J’avais alors demandé à mes compatriotes – à ceux qui parmi eux n’avaient pas encore compris que les Juifs sont nos frères (ne sommes-nous pas les uns et les autres des sémites ?) – d’aller visiter l’histoire de l’Algérie pendant l’occupation française et voir comment et en quelle manière notre pays avait succombé.

J’ai parlé alors des horreurs et des incivilités des fumades, chambres à gaz avant le terme, avant que les nazis eussent créé les leurs où ils envoyaient périr les Juifs.

Si les nazis avaient fait construire ces chambres - horreur des horreurs ! – par les victimes mêmes, les envahisseurs français, eux, s’étaient contentés des grottes, des chambres déjà prêtes, des chambres amples où l’on y poussait les gens, par villages entiers, à mourir vifs par le feu et l’asphyxie et ce dans la joie féroce de la soldatesque d’occupation et de colonisation !

A présent les Algériens, grâce à dieu, ont échappé désormais à l’anéantissement et à l’humiliation historiques.

Mais, semble-t-il, ils ne sont pas encore sortis de l’état de médiocrité morale où les avait murés le système colonial. Ils souffrent encore des œuvres dé-civilatrices de la France… coloniale et ils ignorent que leur mal constitue un grave déficit civilisationnel.

L’égoïsme restreint, dans lequel la misère coloniale les a fourrés, empêche les Algériens de compatir avec leurs frères de misère. Ils sont, parait-il, incapables d’aimer deux réalités, pourtant nécessairement complémentaires, que sont leur Moi et l’Autre !

D’où deux réactions contradictoires : la première regroupe des gens qu’on considère, et qui se considèrent eux-mêmes, comme des Arabes antijuifs « innés », « éternels », indéboulonnables, implacables, convaincus...

Malheureusement on ne dispose pas de statistiques à ce sujet, mais la réalité et le cliché disent que ce genre d’égoïstes aliénés font légion.

L’autre moitié est celle qui semble être sortie de son propre égoïsme pour s’ouvrir à l’amour de l’Autre et à son respect. Seulement cette sortie s’avère un peu trop zélée pour que ses auteurs puissent garder un peu de dignité et de respect pour soi ! seraient-ils incapables de tenir deux boules dans une même main?

Alors on assiste à une espèce de mépris de soi affichée vertement, bruyamment, joyeusement, bêtement, avec un béat masochisme dégoûtant,… !

Si on y réfléchissait bien, on comprendrait en fait que les Algériens – classés, sans recours aucun, comme un peuple oriental, donc sémitique - avaient « hérité » de l’exécrable système colonial (l’istidmar, disait Mouloud Kacem), une antivaleur mortelle qui est devenue un impératif existentiel : la haine de soi-même, des Sémites donc ; ce qui veut dire par extension: la haine des Juifs aussi et surtout.

Voilà pourquoi nous sommes, nous autres algériens, incapables d’aimer si non par réaction. Ce n’est pas par amour de nous-mêmes que nous aimons les Juifs ou que nous les haïssons. Dans un cas comme dans l’autre nous ne faisons que haïr l’une ou l’autre partie de ce grand corps (la souche sémitique) auquel nous appartenons, que nous constituons.

Inutile de dire qu’il y a heureusement outre ces deux parties une troisième qui, elle, cherche à comprendre et à être, le plus possible, juste (voir dans ce même blog Lettre à Cristina).

Bref, en nous haïssant nous-mêmes, nous ne faisons qu’appliquer bêtement ce grand enseignement de tout système d’oppression et d’humiliation dont le point culminant chez nous est le colonialisme français : « Indigène, haïs-toi toi-même ! »

 

La haine de L’Orient après l’amour 

Inutile de dire aussi que des gens de la sorte versent directement dans le ridicule : on y trouve une large gamme qui va des analphabètes aux intellectuels de marque, en passant par les boulangers et les boulangères, les coiffeuses et les coiffeurs, les maires et les imams,… Et alors comme une fumade, le discours de ces gens auto-haïssants agit sur la conscience, sur la décence et sur la dignité personnelle des individus et des sociétés et les asphyxie.

Que voulez-vous ? partout où ils vont, nos hommes auto-haïssants traînent avec eux leur médiocrité, leur misère, leur servilité, leur émasculation et leur masochisme.

C’est de cette ivraie morale (amour/haine de soi) de homo Berbericus que je vais parler dans le présent article et dans le prochain.

Je viens juste de terminer la lecture de « L’orient après l’amour », un récit de voyages de Mohamed Kacimi - Edition Actes sud.

Si j’exclus un certain Magdi Allam, connu en Italie comme le croquemitaine des Arabes et des Musulmans (de soi-même donc), je vous assure chers lecteurs que je n’ai pas encore trouvé une personne humaine qui se hait à un tel point ! Non, pas encore.

Magdi Allam croit avoir échappé au destin auquel le vouent inexorablement le teint de sa peau ostentatoirement arabe et son nom ostentatoirement arabe et musulman, en lynchant médiatiquement à longueur des jours et des saisons les Arabes et les Musulmans.

Il croit avoir échappé, le pauvre, à son destin d’arabe et de musulman en troquant sa dite arabo-islamité contre une croix et une hostie en rajoutant un appendice sonore à son nom pour qu’il devienne « Magdi Cristiano Allam ».

Quel exploit! Comme il a pissé plus loin! Et quel service a-t-il rendu à l’humanité ! Mais ne lui en voulons pas trop ; c’est un aliéné de l’histoire et du Capital.

Et puis c’était l’ère de Bush et des néo cons… et puis encore sa vocation et sa mission furent de servir l’empire aveuglément, a-critiquement, stupidement… Mais ne dit-on pas : Ouqtoul lekhdim ou khelli sidou) ?

L’Algérien quant à lui, il s’agit de l’écrivain Mohamed Kacimi, n’a pas encore franchi le seuil d’une telle bassesse, bien qu’il ne lui reste qu’un pas à faire : changer son nom…

Qui sait ? peut-être que changer de nom ou se convertir, ce n’est plus de mode. Peut-être qu’il a conclu que ça ne lui sert pas, ou ça ne vaut plus le coup d’y insister outre mesure.

Quoi qu’il en soit, son document est intellectuellement malhonnête et moralement sans dignité. C'est un écrit émasculé, servile, insultant, mystificateur et non pour cela moins masochiste. Et rien !

Plus que ça encore: son auteur va jusqu’à falsifier la réalité et l’histoire pour pouvoir soutenir sa folie auto-meurtrière ?

Pourquoi se hait-il à ce point ?

Faut-il le haïr ? surtout pas ça : il faut le plaindre. Ça, oui ! et le plaindre avec des vallées de larmes et des tonnerres de rires aussi.

Ça, il le mérite bien.

 

Le cirque infâme

J’avais pensé ça, durant toute ma lecture, jusqu’à l’avant-dernière phrase dudit récit où j’ai rencontré un verset du Coran qui a semé le doute dans ce que je crois avoir compris du récit : cette fin semble me dire qu’il y a une autre lecture de ce « manifeste de masochisme » .

Mais à y réfléchir de nouveau, je me suis débarrassé du doute : le récit reste quand même une ode, une espèce d’hymne, une apologie du masochisme. Car quelque soit l’exigence de la fiction, l’homme doit rester toujours homme et ainsi en sera de sa dignité et de la décence de dire et d’imaginer ses affinités et ses antipathies.

Et puis ce qui est scandaleux c’est que l’auteur n’applique pas les mêmes critères méthodologiques pour dire des réalités analogues. Il dessine l’enfer, en prend conscience, s’en effraie et meurt d’épouvante et puis il s’étonne de son cirque infâme !

Il croit peut-être, par l’ostentation d’un savoir approximatif de la langue française, de l’histoire et de sa valeur personnelle, être en droit de dire n’importe quoi et de prendre ses délires pour des vérités…

Mais, en attenant que l’auteur finisse de mâcher la gomme de goudron qu’il avait pris pour de la réglisse – identique en cela à ses frères Chiites/Sémites qu'il accuse dans l’une de ses abondantes bouffées délirantes d'être incapables de distinguer le bitume de la réglisse !...

En attendant que notre auteur finisse de trinquer avec les richards émirs des pays du Golf pour fêter l’arrivée de Ramadan…

En attendant qu’il comprenne cette langue étrangère qu’est l’Algérie (à ce point, peut-on croire à ce qu’il a dit et expliqué de cette langue durant toutes les 204 pages de son récit ?)...

en attendant ça et plusieurs autres choses encore, méditons cette fin.

Gageons quand même que la fin est très ambiguë et laisse heureusement les portes grand ouvertes sur l’espoir de commuer un tel enfer en une douceur esthétique. Et à cet égard, seule la lecture des ses autres ouvrages pourrait nous permettre de nous orienter dans le brouillard de l’ambigüité de l’œuvre et de comprendre l’auteur, apprécier ses efforts et juger de sa moralité intellectuelle.

Cette fin, virtuellement salutaire, nous présente le récit de Kacimi comme un tableau noir sur lequel l’auteur dessine avec de la craie blanche l’hypothétique enfer de son peuple, donc son enfer propre, et quand le lecteur en aura bu l’horreur jusqu’à la lie, l’auteur prend la brosse et efface le tout ! Et alors il nous vient de penser à une espèce de parodie des thèses antisémites et racistes des orientalistes en mal d'inspiration et de grandeur.

Kacimi est algérien. Il a écrit des choses. Mais le présent livre semble plus lepeniste que tous les Le Pen de toutes les Droites fanatiques, haineuses et racistes de la planète et de l'histoire.

Je ne sais pas s’il est payé pour ça. Et si oui, quel prix peut lui laver la souillure du mensonge, du mépris et de la déshonnêteté intellectuelle !? Seule la parodie le sauvera.

Les maisons d’édition en mal de gain, de gros gains, ne reculent devant rien pour se prostituer et faire prostituer les auteurs qui leur confient leurs œuvres.

Il y a quelques années j’ai assisté à la présentation d’un livre écrit par un Sénégalais vivant à Milan. Un des intervenants fit observer à l’éditeur la présence de tant d’erreurs graves dans l’écrit. L’éditeur lui répondit que c’était voulu. « Car, expliqua-t-il, nous voulons garder la fraicheur de la langue italienne de l’auteur » tout simplement !

Le cas de Kacimi, selon moi, rentrait dans cette logique, cette fois appliquée par une maison d’édition française envers l'œuvre d'un écrivain qu’on dit algérien.

Ne peut-on pas comprendre par cette manœuvre louche une espèce de consécration de cet écrivain de série « Z » dans sa condition de sous-écrivain, puisqu’il est originaire de l’un des pays dits d’Orient, pays des sous-hommes et des damnés par excellence ?

Quoi qu’il en soit, Kacimi se montre incapable d’apprendre les règles les plus élémentaires du respect des autres, fussent-ils des Arabes, fussent-ils des Musulmans… (après tout ils ne sont que des hommes !) et d’imposer sa dignité, je ne dis pas sa dignité d’Algérien, mais sa dignité d’être un homme tout court ou d’être un homme de plume, de poésie et de savoir.

Son style, la langue de son écriture (qui n’est pas sienne évidemment), ses références aux penseurs et poètes français… tout ça prouve au lecteur que Kacimi peut, s’il veut, ne pas être un perroquet, une bête donc.

Hélas ! il semble qu’il a choisi le chemin de la servilité et de l’auto-mépris.

Que voulez-vous ? Kacimi, comme tant d’autres heureux aliénés, éblouis, est un poveraccio qui, comme diraient nos gens du terroir: « Cheffe addifa, tallaq moulat eddar ! ».

 

Briller même si l’on se grille !

En attendant un démenti, je tends à penser que le dessein de cette maison (Actes sud) rentre dans ce cadre : elle a été très attentive aux fautes d’orthographe, de grammaire et de style, car il y va justement du prestige de la langue française, mais sur le plan contenustique, la maison a été largement, plus que suffisant, indulgente pour ne pas dire complice et complaisante.

Quant au contenu, il n’engage que le crédit/discrédit de l’auteur qui, plus, est algérien qui s’auto dénigre, qui s’auto-mutile moralement en exhibant sa perversion personnelle (pensant d’exhiber la vergogne de son peuple !) afin que ses maîtres jubilent de joie et lui lancent quelques miettes ou quelques os de fausse flatterie littéraire.

En se limitant à ce chef-d’œuvre d’auto-insultes gratuites et de distorsion des réalités historiques et culturelles, on peut affirmer que l’auteur, dans son envie névrotique de provoquer, démontre qu’il est frustré et anonyme et il cherche donc à briller jusqu’à se griller, pourvu qu’il sorte des ténèbres mortelles de l’anonymat.

Je parie même que notre auteur n’hésiterait pas à implorer quelque fatwa de quelques mollahs aliénés et cyniques comme lui pour compléter le cadre sans retouche de la victime persécutée pour ses idées innovatrices. Pour qui veuille approfondir la connaissance d'un tel personnage, il suffit d'aller consulter « Les frères Karamazov ».

Et puis pourquoi aller jusqu'à remuer Dostoïevski dans sa tombe: un tel cas est représenté en ces jours par certains conducteurs de télévision italiens qui - après la fameuse irruption téléphonique de Berlusconi dans le talk show di Ballarò, il y a une année de ça – ne manquent plus à chaque transmission de souhaiter que le chef du gouvernement, les appellent pour leur tirer les oreilles. Ainsi espèrent-ils devenir, par enchantement, des gens de défi exceptionnels; ainsi espèrent-ils redoubler le nombre de leurs spectateurs; ainsi espèrent-ils enfin devenir de grands personnages de la vraie opposition, censés et donc dignes d'être maudits, persécutés, maudits et auréolés en fin de toute analyse d'une certaine gloire qui les accommoderait magari dans l'olympe d'un Voltaire doublé d'un Antonio Gramsci...!

L'attitude de notre auteur, Kacimi, procède de la mentalité magique : en célébrant la littérature et la culture françaises, et seulement françaises; il croit être adopté par elles, il croit être devenu lui-même un lettré français, un acteur indispensable dans la culture française; il croit être devenu un français à part entière, quoi !

Il pense s’être débarrassé de l’ encombrant bagage etnico-culturel de son douar et il ne lui reste donc qu’à se dire français, après s’être fait français, pour se sentir français.

Le voilà donc, notre auteur, appartenant aux mêmes ethnies constitutives du peuple français, les français de souche, non ceux importés par les migrations et les autres déportations qui avaient alimenté et alimentent encore la machine esclavagiste classique et présente.

Mais s’il arrive à se convaincre lui-même qu’il est désormais français - en prenant ses vœux très chers, ses lubies, ses affirmations arbitraires, ses mystifications et ses mensonges pour des réalités inaliénables ; s’il arrive à se croire français, il sent (hélas pour lui !) quelque chose en lui qui le rebute et quelque chose dans son entourage qui le repousse avec force de preuves et d'évidences. D'où cette haine féroce qu'il nourrit envers la culture de ses gens et de ses origines.

Un portrait de colonisé parfait, sans retouche, auquel la description et les analyses d'un Fanon ou d'un Albert Memmi ne pourraient rien ajouter de nouveau.

Mais il ne va pas s’en faire pour autant, notre Français-par-magie ; il va continuer dans sa douce fantasmagorie en se pensant magari comme le descendant direct de François premier ou de Voltaire ou - pourquoi pas? - comme quelqu'un qui a des liens de proche parenté avec Rimbaud…

A propos de ce dernier, que notre auteur cite et admire et que, parait-il, connaît bien et comprend à fond… il ne fait aucune référence au métier mondain, séculaire, extr-poétique que faisait Rimbaud dans sa vie.

Notre auteur ne dit pas un mot sur le métier de marchand d’esclave que le poète faisait et auquel, parait-il, devait l’aisance matérielle de sa vie.

« Carmina non dant panem » disait Horace. Et Rimbaud, parait-il, avec sa vie de marchand d’esclaves avait donné complètement raison à son prédécesseur illustre.

Mais Mohamed Kacimi, dans sa grande magnanimité (et aussi solidarité entre Français de souche oblige), entend pardonner au grand poète, au génial et sensible poète qu’était Rimbaud, son délit imprescriptible.

Mais, et ça se comprend puisque c’est logique, aussi vaste et ample soit sa magnanimité, une personne sensée ne va pas demander à Kacimi de pardonner au milliard et des poussières des Sémitiques/Musulmans leur retard civilisationnel, leur péché de parler l’arabe, l’hébreu, le persan ou l’ourdou ou de pratiquer l’islam !

Quand-même !

Kacimi n’est pas Jésus-Christ. Ou au moins il ne l'est pas encore!

Et même s’il l’était, aurait-il la force de pardonner des péchés si mortels aux centaines de millions de pécheurs ?

Et puis que peut représenter ce caprice (le commerce d'esclaves) caressé par ce poète de génie devant les scandaleux fellahs libanais, les Chiites s’entend, qui cultivent du haschich comme les autres cultivent les grains ?

Ah ces cafards de Chiites qui ne savent pas distinguer le goudron de la réglisse ! Semble regretter notre auteur meurtri que ces primitifs puissent encore exister parmi les hommes.

Mais puisque c'est lui le maître de son œuvre (après la maison d'édition bien sûr), il a pu dire ce qu'il voulait; et, pour paraphraser encore une fois Michel Onfray nous savons que: « Le maître est un juge absolu et, comme tout dictateur, sa parole se confond à la loi: elle fait loi. »

 

La seule arme est défier les menteurs

La défaite historique et civilisationnelle produit deux grandes réactions qui sont le masochisme et le sadisme, l’avers et l’envers d’une même médaille : le mépris de soi.

Ces deux réactions sont extrêmement exagérées, sont poussées jusqu’à la paranoïa. Mais tant qu’elles restent coincées entre les murs d’une conscience historique endormie ou aphone, on peut en rester tranquille car même si on la voit, on peut la tolérer comme une forme de folie douce.

Le mépris de soi sera-t-il pour la victime une manière de s’identifier à son bourreau afin d’échapper (magiquement !) aux sévices du bourreau ?

Ainsi paradoxalement la victime donne-t-elle une main à son propre bourreau dans son œuvre (dé) civilisatrice !

Une telle folie ressemble à celle du nazi en mal d’existence qui voulait échapper aux tortures de sa Faute par le suicide, il se convertit alors en Juif : « Ainsi, expliqua-t-il, avec mon suicide ce sera un Juif en moins » !!

A ce point il faut bien faire quelque chose : à défaut d’être utiles à l’histoire, il faut rire de la bêtise humaine, certes, mais il ne faut pas désespérer de démystifier les mensonges et démentir les menteurs.

En attendant donc qu’un jour, de nouveau, l’histoire nous recrutera pour faire quelque chose de vraiment sérieux, en tout cas pas pour mépriser soi ou les autres, il faut s’armer de défi.

À suivre

 

Abdelmalek Smari

 

 

 

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