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Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI

Mahomet, les eaux où se baignait Voltaire ... et autres gens de conscience

« Mais qu’un marchand de

 

chameaux excite une sédition …

 

nul homme le peut excuser  

 

à moins qu’il ne soit né turc, »  

 

Voltaire : Le fanatisme ou Mahomet le prophète

 

 

 

 

 

 

 

 

Premières impressions 

« http://www.lire.fr/critique.asp/idC=47034/idTC=3/idR=213/idG=8 Cette url vous a été envoyée par Alain (qui) vous adresse également ce message : Que penses-tu de cette pièce de théâtre qui critique, à travers l'Islam, toutes les religions monothéistes? ». Il s’agit d’une brève littéraire de titre : « Une pièce méconnue où Voltaire dénonce l'islam et les monothéismes » rédigée par François Busnel. Après avoir lu la nouvelle, j’ai écrit une lettre à M. Alain pour lui dire ce que je pense de Voltaire, tout en lui promettant d’étudier la pièce « Le fanatisme ou Mahomet le prophète » et de lui répondre. Je reproduis ici, presque entière, ladite lettre : « … j'ai une grande estime et un grand respect pour Voltaire. Je lui ai lu des contes, les Lettres philosophiques et le Traité sur la tolérance, quelques 500 pages en tout. Je l'ai trouvé équitable certes, mais surtout solidaire avec l'Homme dans sa dimension religieuse. … Voltaire était fils fidèle de son époque à une période charnière où les pays de l’occident chrétien étaient en plein essor (formation ?) et n’avaient pas encore accédé à la complète domination du reste du monde, car il leur restait à éliminer les turcs. Turcs qui avaient fait trembler Vienne et tous les trônes de l’Europe occidentale et qui, avant un tel forfait ou désastre, ils avaient pris Byzance avec un Sultan-Calife qui avait pour nom Mohamed et pour religion l’Islam. Voltaire participait donc, par sa plume, à hausser le moral « des soldats du Christ» qui plus tard auront dompté tout l’univers. Ensuite - et c’est ici que résident le rôle subtil et la génialité de Voltaire - il a saisi l’occasion non pas pour réfuter les religions monothéistes (il sympathisait avec la religion chrétienne dans son traité sur la tolérance, me semble-t-il) mais pour faire réfléchir les catholiques – les futurs civilisés de la terre, les guides illuminés de l’humanité - sur les horreurs et les bêtises des innombrables Saint Barthélemy commis non pas au nom de la religion, mais au nom du fanatisme aveugle des âmes indigentes d’amour et de savoir, de justice et de solidarité, de liberté et de respect pour l’autre. C’était encore – ne l’oublions pas - le temps des grandes barbaries effrénées, torrentielles, cruelles, sans recours … alimentées et justifiées par l’ignorance, le mépris de l’autre, le sentiment d’autosuffisance, la mystification, le fanatisme. Toute cette médiocrité  était au temps de Voltaire qui ne pouvait pas taire son désaccord, il ne pouvait non plus renier ses idéaux et les valeurs humaines qu’il se forgeait alors. Il était entre deux bûchers : l’impératif d’éduquer et celui de ne pas gâcher l’écoute des gens, leur disponibilité à écouter et donc à apprendre. … Il choisît alors de bercer la chair pour l’aider à se détendre avant d’y enfoncer l’aiguille et injecter la solution médicamenteuse qu’il savait bien préparer. Où est-ce qu’il avait laissé son honnêteté intellectuelle ? Mais, l’a-t-il vraiment délaissée ? je ne pense pas : le fait d’avoir présenté son Mahomet sous forme de pièce théâtrale, genre fantastique et indolore auquel personne ne peut prétendre lui demander une rigueur scientifique  est un indice de l’articité de cette oeuvre. Nous savons que pour les musulmans, ce genre littéraire était alors méconnu ainsi que la langue avec laquelle il était écrit : le français. Le personnage, quant à lui, était choisi parce qu’il constituait - l’ennemi (vraiment ?) non ! - l’ennui commun de tous les chrétiens. Une autre hypothèse : Voltaire était humain, et comme tel il avait une idéologie. Il se peut qu’il eut voulu par un tel texte créer une sorte d’opinion commune en faisant voir que l’ennemi ne devrait pas être le protestant pour le catholique et vice-versa, mais si l’homme a bien besoin d’un ennemi, il faut bien le chercher ailleurs que dans le même camp. Comme génie, il aurait été un précurseur de la psychologie ou l’art de manier les foules en leur créant un ennemi extérieur. Voici mes premières impressions, mais je vais lire ladite œuvre et nous aurons sûrement assez de temps pour en discuter, à l’unique condition que notre échange de points de vue ne se transforme pas en discours sur la religion parce qu’alors il serait mieux céder le champ aux sacerdoces. » Ces premières impressions se sont révélées encore pertinentes après avoir lu l’œuvre en question. Dans ce qui suit je tâcherai de rendre compte de la modeste opinion que je me suis faite vis-à-vis de l’œuvre et de l’histoire, de l’homme donc.

Les eaux où se baignait Voltaire 

J’ai consulté à cette fin quelques sites Internet : http://www.arab.it/arte/immagine_arabi_storia.htm

Et entre autres encore : http://www.cromohs.unifi.it/10_2005/minuti_islam.html

J’ai choisi quelques citations que j’avais traduites de l’italien, à partir du premier site qui parle de la perception par l’Europe chrétienne de l’Islam et des musulmans. Citation-sentences de quelques hommes illustres précédant ou contemporains à Voltaire. Voltaire l’érudit et le tolérant n’ignorait pas et n’évitait certainement pas de connaître cette littérature. Ces citations me servent pour montrer du doigt et sans savant commentaire les eaux où se baignait Voltaire. Oui c’est dans de telles eaux où se baignait l’auteur de Mahomet. La plupart des hommes cités semblent restés mal à l’idée que Mahomet eut été un prophète et l’Islam considéré comme une religion. Le mot qui tourne et retourne souvent sur ces langues est celui de l’imposture.

Bayle (conf. http://www.cromohs.unifi.it/10_2005/minuti_islam.html ) cite un verset sur la tolérance de Mahomet « O Infidèles, dit-il, je n'adore pas ce que vous adorez, et vous n'adorez pas ce que j'adore. Observez votre Loi, et j'observerai la mienne», (P. BAYLE, Pensées diverses, cit., § 244, p. 147), Bayle qui reconnaît que « Encore aujourd'hui les Chrétiens sont tolérés dans la Turquie, et ils craignent beaucoup plus l'artifice que la violence des Infidèles » se gène peu de maintenir l’idée que la religion musulmane soit le produit d’une imposture. Il est inspiré en ça par Prideaux qu’il citait plusieurs fois comme une référence utile pour une connaissance non superficielle de la religion mahométane. En fait ce dernier avait particulièrement insisté sur le thème de l’imposture de Mahomet, en en faisant un élément central da sa réfutation de l’usage par les déistes de l’exemple musulman. Bayle (Voltaire le considérait comme un grand philosophe) ne pouvait pas ignorer le fait – confirmé surtout par la littérature des voyages – que la tolérance et la liberté de pratiquer religions différentes de celle mahométane, fussent courantes dans le monde musulman contemporain, plus fréquentes de celles que l’on peut rencontrer dans le monde chrétien. Mais pour se tirer de l’embarras où cette contradiction l’avait fourré, il réussît quand même à trouver une explication politique, cohérente avec la représentation de Mahomet imposteur et auteur d’un dessein religieux et politique à la fois,… il dit :  « Il y a bien de l’apparence que si Mahomet eût prévu qu’il auroit de si bonnes troupes à sa dévotion, et si destinées à vaincre, il n’auroit pas pris tant de peine à forger des Révélations, et à se donner des airs dévots dans ses Ecrits, et à rajuster ensemble plusieurs pièces détachées du Judaïsme et du Christianisme. Sans s’embarrasser de tout ce tracas, il eût assuré d’établir sa Religion par-tout où ses armes auroient pu être victorieuses. » Il dit aussi de Mahomet : «Il préféroit ses intérêts à ceux de la foi qu’il professoit; et de là vint qu’il eut de la tolérance pour l’Eglise Greque, et même beaucoup de civilité pour le Patriarche de Constantinople», (P. BAYLE, Mahomet II cit., p. 275). Le paradoxe en question est le suivant selon Bayle : « Les Mahométans, selon les principes de leur foi, sont obligés d’employer la violence pour ruiner les autres Religions; et néanmoins ils les tolèrent depuis plusieurs siècles. Les Chrétiens n’ont reçu ordre que de prêcher et d’instruire; et néanmoins de tems immémorial ils exterminent par le fer et par le feu ceux qui ne sont pas de leur Religion. » (P. BAYLE, Mahomet cit., n. AA, p. 265.) Idée reprise plus tard par Simon Ockley qui en fit une constante de toutes les religions, une sorte de loi scientifique : « Les hommes se conduisent peu selon leurs principes. Voilà les Turcs, qui tolèrent toutes sortes de Religions, quoi que l’Alcoran leur ordonne de persécuter les Infidèles : et voilà les Chrétiens, qui ne font que persécuter, quoi que l’Evangile le leur défende. » Cfr. S. OCKLEY, The History of the Saracens, containing the lives of Abubeker, Omar, Othman, Ali [...] etc., Knaplock, London 1718 (2° édition). “Qallak ettbib mutt, mutt ! » comme aime-t-on répéter chez homo berbericus. En fait, quand le toubib te dit que tu es mort, tu es mort, non !? 

L’Islam un cheval de bataille pour le déisme ? 

Après avoir essayé d’illustrer l’ir-raisonabilité et la fausseté de l'Islam, le Père Nicolas-Sylvestre Bergier (distingué pour ses écrits contre les œuvres et les idées des déistes, matérialistes et philosophes ) disait « Nous rougissons d’être réduits à mettre le Christianisme en parallèle avec une religion aussi absurde. »  et il ajoute «Ils (les déistes) ont prétendu que sa religion (celle de Mahomet), toute absurde qu’elle paroît, est néanmoins fondée sur le même genre de preuves que la nôtre; qu’un Mahométan raisonne aussi sensément qu’un Chrétien, lorsqu’il croit sa religion divine, et traite d’infidèles ceux qui ne pensent pas comme lui. Quelques-uns ont poussé l’entêtement jusqu’à soutenir que le Mahométisme est une religion moins impure que le Christianisme » et encore « Lorsque les incrédules ont voulu faire envisager le Mahométisme comme une espèce de Déisme, ils en ont imposé aux personnes peu instruites; aucun Déiste voudroit-il signer la profession de foi d’un Mahométan? » N’est-ce pas curieux que souvent les gens de conscience (philosophes en tête), ceux qui veulent combattre des idées morbides ou des perversions épistémologiques – subversives et dangereuses - aient besoin d’un terrain où ils peuvent les voir, les identifier, les étudier pour mieux les abattre et les mater enfin ? Comme des complices, les mots curieusement se prêtent bien à ce jeu bizarre. Les hommes dans leurs guerres incessantes - malheureusement pour des paragraphes, la plus part du temps – ont besoin de forger des mots pour exprimer leur indicible, cracher dehors les démons qui leur rongent les entrailles ; en un mot ils ont besoin d’infernaliser l’autre, le différent, l’hostile, le menaçant. Les mots à leur tour ont besoin d’un soutènement concret pour accéder à l’autonomie que la matière confère à l’informe ou à l’obscure. Ils ont besoin d’une substance qui leur donne une certaine matérialité, qui leur sert non seulement comme des révélateurs mais aussi comme des fixateurs et ce n’est alors que dans cet état qu’ils permettent aux hommes de saisir ledit indicible : une fois que le verbe se fait corps. L’indicible est de par sa nature volage, léger, délébile, immorale (aussi?) mais toujours anxiogène. Tout se passe comme si les mots (étrangers de par leur nature à la matérialité et donc peu convaincants pour un esprit immergé sous le poids de la matière et de son opacité obnubilante) pour se manifester dans leur pleine splendeur, avaient besoin de quelque corps pour l’habiter et le chevaucher pour apparaître … Corps avec lequel ils s’identifient pour devenir enfin réels, puissants, palpables et donc aptes à convaincre ; comme si le mots ne pouvaient servir de champs de bataille qu’une fois passés à la matérialité, au concret. Ainsi Mahomet et le mahométisme ont-ils servi aussi bien pour les catholiques que pour leurs détracteurs, les Voltaire et autres déistes, dans leur guerre sans fin, à donner non seulement forme à l’indicible de part et d’autre mais aussi et surtout à libérer cet indicible de la culpabilité qui le peut affecter s’il se met à dire ce que l’on a à dire sans ménager les sensibilités idéologiques ou confessionnelles contraires ou adverses. Enfin dans ce combat entre catholiques et déistes, l’Islam et Mahomet firent de champ et à la fois de cheval de bataille pour les uns et les autres.

D’autres affluents

Voici encore d’autres citations : d’un auteur comme H. PRIDEAUX, je ne citerai que le titre de son ouvrage, pour traquer le mot imposture, « The True nature of imposture fully displayed in the life of Mahomet » Rogers, London 1697.

« Quelle honte ce serait  pour nous si cette race infidèle si justement méprisée, dont la dignité d’hommes a dégénéré, vile, esclave du démon, avait  raison du peuple élu de Dieu omnipotent. » s’écria le Pape Urbano II, 1095. Et Cappellano Raimondo di Aguilers, 1099 le rassura : « Par les rues et les places (Jérusalem, an1099) l’on voyait des tas de têtes; mains et pieds coupés; hommes et chevaux courraient parmi les cadavres. Mais nous avons dit peu de choses encore (...) il suffit de dire que dans le temple et dans le préau de Salomon l’on chevauchait dans le sang jusqu’à la hauteur des genoux et du mors des chevaux. Et ce fut par le juste jugement divin qu’à recevoir leur sang (des musulmans) fut justement le même sol qui pour longtemps avait supporté leurs blasphèmes contre Dieu. (...) Mais, la ville étant prise, ça valait vraiment la peine de voir la dévotion des pèlerins devant le Sépulcre du Seigneur, et de quelle manière ils jouissaient exultant et chantant à Dieu un cantique nouveau. »

Plus tard Marco Polo, 1271, justifia une telle cruauté en hasardant cette explication : “ Ne vous étonnez pas si les Sarrasins haïssent les chrétiens: c’est parce que la maudite loi que leur a donnée leur prophète Mahomet leur commande de faire tout le mal possible à des gens qui n’épousent pas leur foi, et de prendre tout ce qu’ils peuvent prendre, pour eux ce n’est point un péché. Et si les chrétiens les tuent ou leur font quelques torts, leurs frères les considèrent comme des martyres (…). Tous les Sarrasins du monde se comportent de la même manière. » Opinion à laquelle Martin Luter, 1530, souscrivit : « Les turcs musulmans n’ont ni la parole de Dieu, ni des prédicateurs pour l’annoncer; ils sont des porcs grossiers et immondes qui ne savent pourquoi ils vivent ni en quoi ils croient; s’ils avaient toutefois de prédicateurs de la parole divine, ces porcs, peut-être quelques uns parmi eux, se métamorphoseraient en hommes. » Voyons un peu ce qu’en disait Wilhelm Leibniz, 1676 « Les ministres aussi connaissent l’état de l’empire; pratiquement ils ignorent les plus simples notions d’histoire et de géographie, et l’ignorance et la barbarie règnent. Vous ne trouverez sur les bateaux turcs la moindre carte nautique dont un habile navigateur pourrait se fier. Ce pays est en quelque sorte la patrie des ténèbres et de la barbarie; et le Sultan, noyé lui aussi dans l’ignorance, traîne à son trône, parmi les troupes de femmes et d’eunuques, son habit sardanapalesque. » Avec cette opinion nous sommes arrivés au constat ironique d’un Charles de Montesquieu, 1721 « Ah! Ah! Monsieur est perse? Quelle chose extraordinaire! Comment peut-on être perse? » Voltaire, 1756 par contre s’est montré un peu exaspéré, et pourtant il est l’un des maîtres incontesté dans l’art de l’ironie « Ça me fait mal que les musulmans nous traitent comme des chiens. Mais ils ont raison, car les théologiens de toutes les sectes n’ont fait qu’aboyer. » Denis Diderot, 1759 est plus décisif, lui : « Le coran a été le livre unique  de la nation arabe pour plusieurs siècles. Les autres ont été brûlés, ou parce qu’ils étaient superflus, ce qu’il y avait se trouvait déjà dans le coran, ou bien parce qu’ils étaient pernicieux, il n’y avait pas ce qu’il y avait dans le coran. C’était pour ce type de raisonnement que pour six mois que les bains d’Alexandrie ont été chauffés par les œuvres des temps antiques. » Immanuel Kant, 1766 est plus sérieux : n’aimait-il pas à ce point le fantastique ou le merveilleux ? ou bien n’aimait-il pas l’arabe fantastique et merveilleux ? « L’arabe est le noble des orientaux, même si son goût, souvent, dégénère en extravagance. Il est hospitalier, magnanime et sincère ; mais ses récits, ses histoires et, en général, ses sentiments sont toujours imprégnés de merveilleux. Son imagination fervente lui fait voir les objets déformés. »

Quand la démence devient fureur 

Dommage que Voltaire n’était pas là pour lire cette opinion de Friedrich Nietzsche, 1888: « Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant lequel ils auraient mieux fait à se prosterner dans la poussière – une civilisation par rapport à laquelle même la nôtre du XIX siècle semblerait pauvre et attardée. Sans doute rêvaient-ils du butin : L’Orient était riche ! … Regardons les choses comme elles sont ! les croisades ? une piraterie de grande portée et rien de plus ! (et la science qu’ils se sont inventée à ce propos? une mystification de grande portée». Si j’ai joint cette citation de Nietzsche ce n’est pas parce que je la trouve juste ou raisonnable, mais pour la preuve que même au cœur de l’Europe, une voix différente, a-chorale, qui fait exception puisse exister parfois. C’est aussi la preuve que les mahométans ne sont pas des fanatiques si absolus que ça, qu’ils ne sont pas par définition sans tache d’humanité. Encore aujourd’hui hélas la littérature est pleine de ce genre de lieu-communs. Comme exemple récent je citerai Robert Redeker qui dit-on dans son livre nouveau "Il faut tenter de vivre", « dénonce violemment l'islam, cette religion qui exalte "violence et haine", et Mahomet, "ce chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame". ». L’auteur de telles insultes affirme et réaffirme de n'être "coupable de rien", de "n'avoir commis aucun délit" ! Ma foi, il a complètement raison de plaider l’innocence. Comment aurait-il pu nuire à un homme (Mahomet) mort depuis 14 siècles ? Comment aurait-il pu lui mettre les mains dessus ? attenter à sa vie ou l’assassiner ? n’est-ce pas absurde ? Mais l’absurde de l’absurde c’est que Monsieur le philosophe ne sait pas ce que signifie le mot blasphème ! et c’est une Honte pour un Philosophe, qui écrit à « Temps modernes », Français par-dessus le marché et qui appartient au XXIe siècle ! en plus il ignorait qu’il s’agit moins de blasphèmes dans ses prêches-de-haine que d’injures gratuites pour un Rien désormais, un vague souvenir du nom de Mahomet ? N’a-t-il pas lu ce passage de Voltaire : « On a pitié d’un fou ; mais quand la démence devient fureur, on le lie. » et pourtant Monsieur Robert Redeker se réclame voltairien ! C’est étrange et c’est aussi trop pour lui, le simple enseignant, de se trouver chargé de cette mission de faire l’intellectuel. Et ce malgré - ou grâce à ? – l’ivresse de « d'être ainsi transformé en "mort en sursis" ». Avec les problèmes qu’il s’était crées dernièrement (voir le quotidien Le Monde du 22-01-07), ce Monsieur qui se pense Philosophe croit avoir eu déjà son compte en matière de masochisme, en s’attirant des contre-insultes. Il pense d’avoir satisfait son innocent et combien agréable penchant auto-lésionnel ! Le fait-il comme cet enseignant (dont Dostoïevski dressait le portrait dans Les frères Karamasov) ? Cet enseignant, cet imbécile astucieux (l’oxymore est de Svevo) qui, pour convaincre l’entourage et soi-même qu’il faisait bien partie de la race des intellectuels, il s’affligea d’un délire de persécution. Ainsi, cherchant le martyre, le personnage dostoïevskien croyait trouver son bourreau et son compte dans les persécutions de la police du Tzar. « Messieurs les fanatiques, - semble-t-il dire Monsieur Robert Redeker - ne vous gênez pas, veuillez exhausser ce vœu légitime et cher à Moi, le Philosophe Français. Faites-moi le plaisir de me considérer comme un intellectuel en chair et en hausse. Prouvez-moi que je fais partie de ces mythiques et rares intellectuels. Persécutez-moi, ne serait-ce que par pur jeu, car "Depuis combien de temps n'était-il pas arrivé en France qu'un intellectuel soit condamné à mort pour sa pensée ?" contraignez-moi à une vie en "cachot" ainsi me sentirai-je de la trempe de Socrate, Voltaire, Jésus ou du capitaine Dreyfus. Je suis un Monsieur honnête, un philosophe, un homme de foi chrétienne. Regardez-moi bien comme je sais brandir cette Grande , cette unique et vraie Foi pour mieux démontrer ma capacité à supporter le martyre, … qu’attendez-vous ? ne voyez-vous pas que je suis un véritable blasphémateur – que dis-je ? -, un insulteur de Mahomet et que je ne cherche qu’à être empêché d'exercer ma liberté de penser et d'écrire. Ne voyez-vous pas que j’ai bien souillé l’esprit de la France croyant souiller celui des musulmans ? soyez indulgents avec moi, solidaires avec moi dans cette folie, dans ce délire, dans ma douleur … Aidez-moi s’il vous plait, essayez de donner un sens à ma bêtise car autrement personne ne croirait à ma philosophité, à mon intellectualité et surtout à ma foi chrétienne, je vous en prie Messieurs les gens de bon sens, faites semblant de faire les fanatiques et persécutez-moi. Ne vous ai-je pas traités comme il faut ? ne soyez pas si ingrats, rendez-moi mon bienfait. Je vous en prie ! ». Ironie à part, même si Monsieur le Penseur-martyre invoque souvent Spinoza, il a des difficultés à en comprendre quelque sagesse élémentaire "Ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas détester, comprendre." Ce que peuvent représenter les insultes et les crachats de haine d’un soi-disant philosophe de nos jours ? Un atavisme, un résidu pourri des temps passés, quelques délires avariés, une mode périmée, des idées dignes des croisés du Moyen age qui devraient être sans importance et sans utilité pour un auteur des Temps modernes.                                A suivre   

 

Smari Abdelmalek

 

 

 

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