................ Tu verras, putain de société…

Quand de ton poison tu remplis nos coupes

Et tu nous invites à boire et tu bois à notre santé

Quand tu nous dis que c’est là l’élixir du bonheur

Pour nous abrutir, pour faire de nous

Des enfants sages et stupides,

Moi du coup je me réveille de ton charme

Sorcière et de la mue de mille serpents

Je me passe les yeux, toujours insomnes .

Quand tes milles et charitables tentacules

Nous ouvrent grandes les portes

Des Mac Do’ et des gargotes,

Moi je me ceins de la faim mon ventre

Avec sept cordes et de sept pierres je le fais taire

Tandis que de la fière colère je me régale.

Quand tu sèmes ton opium de grandeur

Et tu nous chantes avec tes bonnes manières

De hyène, carnassière,

Moi je montre mes dents et sors mes griffes

Et je te déchire les entrailles, sorcière,

Et je compose des poèmes pour chanter la solitude

Seul parfum qui me déodore de ta mauvaise haleine.

Quand tu asperges le temps et la mémoire

De tes fétides mensonges,

Moi je vais nu par les quatre chemins

A crier à tue-tête la vérité.

Quand tu distribues tes indulgences abjectes

Pour éteindre notre fureur de vivre, nos désirs

De feu pourpres messagers de la vérité, de l’innocence,

Moi je sors mes mains d’ocre et de pourpre

Pour maculer de fange et de sang tes indulgences…

Tu verras, putain de société,

Tu ne m’auras pas.

Abdelmalek Smari        Milan - Mai 2010