Le plaisir de servir chez les bédouins (2)

« Plusieurs parmi eux [critiques, journaliste et universi-

taires américains] ont élevé un chœur aigu de

condamnation d’inspiration conservatrice, dans lequel

après avoir distingué les éléments non-blancs,

non-occidentaux, non judéo-chrétiens d’ethos occidental,

acceptable et bien défini, ils les ont regroupés sous

différentes classifications dégradantes comme celles

de terroristes, marginaux, de second plan, ou pas importants.

De conséquence attaquer ce qui rentre dans ces catégories est devenu synonyme de défendre l’esprit occidental. »

Edward Said – « Cultura e Imperialismo »

A l’origine, il y eut la médiocrité

Quelqu’un dira d’un écrit du genre qu’il verse dans le délire de persécution, du paranoïa.

Ce quelqu’un nierait alors le cours même de l’histoire, les données de l’actualité des rapports entre les nations et les jeux et intérêts stratégiques pour l’hégémonie, l’oppression  et l’exploitation des nations faibles par les nations puissantes.

Une telle accusation est tout simplement de la médiocrité de l’esprit de son auteur qui est tout simplement incapable de faire la vraie critique.

Nous savons bien que la médiocrité est la mère de toutes les misères.

Et tant pis si l’accusation me vient de la part des victimes elles-mêmes qui, sans le savoir, défendent leurs bourreaux et méprisent leurs amis !

D’ailleurs une bonne part des Arabes sont des bédouins et les bédouins sont bêtes et lâches et colonisables… jusqu’à preuve du contraire.

Les Arabes (j’entends la crème de leurs intellectuels) se refugient dans la théorie dite des complots pour censurer tout discours libre et démystificateur.

Et ce qui les enfonce encore davantage dans leur mesquinité c’est que ce n'étaint pas eux qui ont inventé cette théorie mais ils l'avaient parasitée, piratée comme des hackers.

Il est aussi fort probable qu’elle leur a été refilée par leurs Maitres-à-penser et qu’eux, les stupidess-par-nature ont gobée comme une vérité coranique.

Ainsi donc, grâce à cette rationalisation prêt-à-porter, à cette mystification de la mystification, pensent-ils arriver à masquer leur lâcheté et leur vile soumission.

La proie qui protège le prédateur ! n’est-ce pas ridicule ?

Et ça n’arrive qu’à ces champions du ridicule, à ces seigneurs… à ces émirs de la lâcheté !

Tutto fa’ brodo pour les prédateurs

« Regardez un peu » - écrit El Watan du 26-03-13 dans ‘‘Quand le Qatar recrute au Maghreb pour Jabhat Al Nosra’’ – « comment la France part en guerre contre AQMI au Mali et soutient l’opposition syrienne, alliée d’AQMI ».

Ce n’est point une contradiction dans les agissements d’une puissance fondamentalement prédatrice comme la France ; puisque tutto fa’ brodo pour elle : il lui suffit qu’il y ait toujours quelque chose à mettre sous la dent.

Après ça le déluge !

Mais au-delà de ça, il s’agit au contraire d’une vision impeccablement cohérente et prévoyante dans la vie de ce pays va-t-en-guerre qui démontre une lucidité stratégique infaillible.

Il s’agit donc, pour la France, de créer les circonstances propices, en inoculant et cultivant des « germes à retardement » dans la proie future, afin de ne jamais rester à court de gibier.

Et quand ces microbes achèveront ladite proie (la Syrie en l’occurrence et bien entendu pas seulement la Syrie), elle, la reine-France, interviendra avec dextérité et efficacité et elle n’aura alors aucun mal à dévorer sa victime avec en plus une conscience très tranquille… puisqu'elle aura l'alibi de combattre le fanatisme musulman qu'elle aura entre temps cultivé et porté à maturation.

Que le quotidien El Watan ne s’inquiète : le moment de la Syrie arrivera lui aussi et il est imminent et sa tête est aussi mûre à cueillir comme celles des gens de l’Irak d’El Hadjadj-ben-Youcef…

Et ce n’est d’ailleurs pas une nouveauté caractéristique de ce XXIème naissant ; ça date du premier jour qui a vu naitre le système colonial ouest-européen.

Ecoutons à ce propos ce que disait il y a plus de cinquante ans Benoist-Mechin dans son livre ‘‘Mustapha Kemal’’ à propos de l’empire turc mourant :

« Perchées comme des médecins au chevet de l’Homme malade, celles-ci [les Puissances ouest-européennes plus la Russie du Tzar] avaient tout intérêt à aggraver son mal.

Au lieu de calmer les rebellions nationales, elles les enfiévrèrent en leur fournissant des encouragements et des armes. »

…

et « Ce n’était d’ailleurs pas par philanthropie que les Puissances européennes soutenaient les mouvements d’indépendance nationale.

C’était parce que ce levier commode leur permettait d’affaiblir la Turquie et facilitait leur propre pénétration [remarquez la terminologie de sodomisation !] économique. »

Et en fait une bonne part des revenus de la patrie turque « était transférée dans les caves des banques de Londres, de Paris, de Vienne et de Berlin. »

D’ailleurs les guerriers de Charles X ne procédèrent pas autrement avec les trésors de la alors-Régence d’Alger !

Une vieillerie ? lisez ce témoignage frais de Marc Guéniat - Le Monde diplomatique décembre 2012 :

« L’intervention occidentale en Lybie, au printemps 2011, a ainsi contribué à la dissémination d’armes de guerre issues de l’arsenal du colonel Mouammar Kadhafi, mais également des parachutages franco-britanniques. »

…

« On sait par ailleurs que les grandes multinationales instrumentalisent, voire orchestrent, les conflits locaux pour s’emparer des richesses minières. »

Et les amis des opprimés, lesdites associations humanitaires, où est-ce qu’elles sont finies ? Ici aussi écoutons ou lisons cet autre témoignage d’Anne-Cécile Robert – Le Monde diplomatique décembre 2012 :

« Certains observateurs s’inquiètent en outre des effets pervers de l’intervention des associations humanitaires : le politologue camerounais Achille Mbembe estime qu’elles contribuent à brouiller les repères de la souveraineté étatique, les zones protégées devenant extra-territoriales de fait »

Chairs à canon

On peut objecter à mes propos que « la thèse de la Rapine » ne tient pas puisque ces régimes prédateurs sont de par soi riches et ils n’ont que faire de la misère des pauvres…

Mais Pauvre est une parole qui n’a pas de sens, surtout s’il s’agit de l’Homme : car quel qu’il soit et tant qu’il vivra, l’Homme possèdera toujours, jusqu’à son dernier souffle, des potentialités immenses et des services infinis à rendre.

Et quand il n’aura vraiment rien à garantir à son prédateur, il lui reste quand même, à cet Homme, sa chair à offrir et dont les canons des prédateurs raffolent.

Et donc la cruauté des puissances prédatrices, ça sert aussi, à ces dites puissances, à se procurer de la chair à canon pour s’assurer d’autres terrains de chasse et un gibier pérenne.

A titre d’exemples « … l’armée indienne a été utilisée  trois fois en Chine entre 1829 et 1856, au moins une fois en Perse (1856), en Ethiopie et à Singapore (1867), à Hong Kong (1868), in Afghanistan (1878), en Egypte (1882), en Birmanie (1885), à Ngasse (1893), en Soudan et en Ouganda (1896). » Edward Said « Nel segno dell’esilio » La Feltrinelli - New York 2000.

Les Indiens moururent pour l’intérêt majeur et presque exclusif de la couronne de l’Angleterre.

Et si les Indiens y avaient quelques intérêts, personnellement je ne peux les concevoir que comme une forme de suicide pour en finir avec une vie d’humiliés et d’opprimés impuissants.

Les Indiens et pas seulement eux (pensant aux Algériens en Indochine et les Saliganes, Sénégalais, chez nous durant notre guerre pour l’indépendance) y trouvent une occasion d’or de mourir en « braves » même si en massacrant leurs frères et leurs voisins qui ne leur avaient jamais déclaré aucune guerre.

Mais le trône des carnassiers avides et impitoyables les y avait conduits dans une telle barbarie - barbarie anglaise pour les Indiens, française dans le cas des Algériens et des Sénégalais - par chantage et par la force de fer et de feu, malheureusement.

Les bédouins sont-ils conscients de leur sort, leur malheureux sort ?

Vous croyez que les bédouins ne soient pas au courant de ces jeux mortels ?

Ils le sont et comment s’ils ne le sont pas ! Seulement ils sont thétanisés par ce désarroi que les enculeurs, génies inégalés dans la science de la guerre et de la prédation, ont inventé et ne cessent d'inventer dans leurs laboratoires, instituts de recherche et autres think tanks et qu’ils ne cessent d’expérimenter sur la peau des enculés de la terre.

« Voyez » semble dire ces malins enculeurs aux faux-bernés, vrais-enculés « Voyez ce qu’ils vous arriverait si vous n’obéissiez pas à nos diktats : vous seriez une Yougoslavie, une Somalie, un Irak, un Soudan, une Libye, une Syrie… un Mali enfin ! on vous anéantirait ! »

Et les bédouins ont peur et redoublent de zèle et d’effort dans le servage et se livrent même à une concurrence mortelle entre eux à qui baisse le plus bas possible son pantalon ou soulève le plus haut possible sa soutane de qamis,

à qui vend le plus d’amis ou de frères !

Oui ces vils, obnubilés et terrorisés par leurs bourreaux les impérialistes, vendraient bien volontiers leurs femmes et jusqu’à leurs mères, et financeraient par leurs pétrodollars toutes les guerres entreprises par leurs ennemis et prédateurs, pourvu que leur désarroi se plaque ;

pourvu que la menace des leurs enculeurs (et les enculeurs de la plupart des Tiermondains) les épargne.

Mais pour combien de temps encore ?!

Et d’ailleurs que leur importe ?

Ils n’ont pas de dignité ! et ce n’est point de leur faute, les pauvres !

Ils ont, entre tant d’autres caractéristiques communes avec les animaux, une étroite imagination et une courte mémoire qui ne vont jamais au-delà de l’instant présent, au-delà de l’épée brandie, même si elle est de plastique,

ou au-delà de l’ombre du brigand prédateur, même s’il n’est en réalité qu’un leurre d’argile ou de caoutchouc.

Et leurs prédateurs-enculeurs, avec leurs verges et leurs cravaches, piquent le zèle de servir de ces bédouins felix et les incitent, comme on incite les chiens, à mordre mortellement, et sans pitié ni conscience, leurs frères de chair et de sang ;

Ils font chanter ces serfs (deux fois misérables : impuissantes marionnettes, idiots heureux), encore avec le désarroi qu’ils leur inoculent et la menace de boire leur pétrole ou de les chasser de leurs trônes de guitounes ou de geler leurs avoirs et dévaliser leurs banques....

Et les bédouins courent à servir avec un zèle encore plus fort et plus dévoué et ils battent aisement dans cette course leur maitres-chanteurs mêmes !

En somme la définition des Javanais que Clive Day donna en 1904 - selon Edward Said - semble aller à merveille à nos bédouins : « Rien qui ne soit la jouissance matérielle immédiate les secoue et les réveille de leur routine indolente. »

Et savez-vous, chers lecteurs, qui est pire de ces bédouins, de ces cerfs imbéciles ?

Celui qui croit en eux,

Celui qui écoute leur Qaradaoui,

Celui qui endosse leur qamis,

Celui qui se vend à eux,

Celui qui vend sa dignité,

et le mot dignité, pour nous Algériens, ne doit avoir qu’un nom :

L’Algérie.

Abdelmalek Smari