Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI
« L’enjeu est plutôt de révéler la société à elle-même,
de donner sens et forme à un monde dans lequel les
individus ont une difficulté croissante à s’orienter ».
Périclès et nous - Sandrine Hubaut,
hors série Le nouvel observateur juillet août 2008.
Une cathédrale est bien autre chose qu’une somme de pierres
Jusqu’ici, dans ce blog, j’ai essayé de rendre compte, chez homo berbericus, d’un constat évident et presque banal ; étant donné qu’il est connu par tout le monde, à savoir : le divorce entre les gouvernants et les gouvernés. Si le constat est banal, la matière constatée, elle, est d’une importance vitale et pour l’entité sociale et pour l’individu.
N’est pas non plus banal le mode de présenter cette problématique à des individus particuliers (travaillés par des siècles de domination étrangère) comme les Algériens ni les sensibiliser ni les convaincre. Enfin et surtout n’est pas banale la recherche d’une solution à cette problématique, matrice de tous les maux mortels pour homo berbericus au niveau de la morale, de la liberté, de la justice, de la solidarité et de la dignité.
Cela ne veut pas dire que ce genre de problèmes soient l’apanage et l’affaire de quelques personnes ou que seules ces personnes en soient conscientes et capables d’en relever le défi. Non, car c’est un mal qui colle à la peau de tous les Algériens et qui leur provoque des douleurs vraies et atroces bien que la majorité, faute de conscience et de concepts, n’arrive pas encore à le diagnostiquer avec précision et à en identifier les causes pour le traiter efficacement.
Ce mal ne devrait donc pas être le fardeau des rares citoyens qui en ont eu conscience : quiconque s’en rende compte doit y réagir par les moyens et l’énergie qu’il a et contribuer ainsi au soulagement de la souffrance de la cité et des citoyens.
Pour que les efforts et les solutions préconisées aient un sens et une efficience il faut travailler en synergie avec le reste du groupe intéressé. La baraka du groupe existe et elle n’est autre que cette loi de la gestalt qui veut que la somme effective de toutes les parties d’un ensemble soit supérieure à celle naturelle ou mathématique ou d’ordre mosaïque. « Une cathédrale - dit-on - est bien autre chose qu’une somme de pierres. »
Si la minorité consciente n’est pas responsable du malaise dans la cité (puisqu’il est historique et il la dépasse nécessairement), elle devrait se sentir doublement responsable pour sensibiliser les masses et les associer au mouvement général du changement et du progrès. Il s’agit là d’un véritable travail de groupe (coordonné avec le groupe). Travail qui exige les qualités personnelles des individus y engagés ; les débats critiques (loin des calomnies, des dénigrements, du chauvinisme et de tout jeu de domination ou de protagonisme), l’élaboration d’un appareil conceptuel apte à rendre compte et à exposer le genre de problèmes posés afin de les bien étudier et résoudre ; en somme l’élaboration d’une stratégie avec définitions précises des priorités, projections, programmations, pourvoyance en logistique et en méthodes, sensibilisation des citoyens et des gouvernants…
Tout cela, la minorité consciente et engagée (l’élite), devrait le faire sans prétendre avoir une compétence meilleure de celle des responsables eux-mêmes, sans se donner pour indispensable, sans courir derrière la facilité des constatations et des analyses, sans s’enthousiasmer pour des fausses solutions, sans se laisser leurrer par les sophismes et les diverses mystifications ou prétextes qui cachent à merveille la paresse, le parasitisme et l’indifférence ; sans se laisser prendre par les pleurnicheries des bras cassés, des imbéciles et des opportunistes qui se donnent pour des victimes de tous les temps et de tous les hommes.
Vous voyez que tout ça en soi est un programme immense qui requiert des gens spéciaux, dévoués et préparés. On ne demande pas à un ex gardien de moutons, converti en boulanger, d’élaborer un projet de construction des fours ou d’inventer d’autres substances pour faire du pain, quand le grain lui-même manque - et il manque toujours ; comme on ne va pas jusqu’à demander à un éboueur de fabriquer un camion qui émaille les ordures chemin faisant...
Cela ne veut pas dire qu’ils sont inutiles ou leur existence est nulle, non. Ils ont chacun un rôle à jouer : que le néo boulanger retourne d’abord à ses moutons qui le réclament, que l’éboueur commence d’abord par apprendre à balayer, que les Algériens, en général, sachent un tant soit peu de ces simples et immuables vérités et qu’ils apprennent à se prendre en charge et à s’acquitter de leurs devoirs avec conscience. Qu’ils cessent enfin de faire des conseillers du président de la république ou des experts de ce qu’ils n’ont jamais su (et ils n’en sauront jamais rien).
On ne demande pas non plus aux enfants de faire ce genre de choses, mais cela ne doit pas nous empêcher de les obliger d’aller à l’école tandis que la cité pense à leur offrir les conditions favorables à leur formation et l’épanouissement de leurs personnalités : classes adéquates, programmes pertinents et équilibrés, livres scolaires et matériels didactiques disponibles, soins médicaux et suivi psycho-pédagogique, excursions et sorties pédagogiques (visites des musées, des monuments, des fabriques et des institutions)… On doit leur apprendre la culture, le civisme, le respect de soi et des autres, on doit les préparer enfin aux tâches du futur.
Ici aussi, sans qu’elle se substitue à l’Etat, l’élite a un grand rôle à jouer : elle interroge l’institution scolaire sur les ressources humaines, sur la logistique, sur les programmes, sur l’orientation ; elle observe ces phénomènes, elle les étudie, elle propose des solutions ou des alternatives, elle donne son opinion, participe à des actions d’information et de sensibilisation de l’opinion publique, elle fait de médiateur entre les gouvernants et les autorités des établissements scolaires…
On ne demande rien aux morts ; mais des gens instruits, de tout âge, on exige un engagement et une discipline. D’abord qu’ils prennent conscience de leur état un peu spécial : le fait d’être une espèce de cerveau ou au moins faisant partie du système de la conscience de la cité. Puis on leur suggère la nécessité de s’organiser en groupes et associations, de définir leurs tâches, de se les partager et de choisir les rôles à jouer justement là où ils se sentent le plus compétents, capables et rentables.
On s’attend de cette matière grise de la cité de créer une culture propre à elle, un langage, une morale de respect pour les moins importants, une morale d’ouverture en sens vertical (être à l’écoute des moins qu’eux pour les comprendre, les diriger, les sensibiliser et les élever à leur hauteur) ; et en sens horizontal (essayer de faire le Prométhée en apprenant les expériences des autres nations pour en faire profiter leur propre nation). Il ne faut pas que ces élus soient des corps lourds et morts et se laissent entraîner vers les fonds de la médiocrité par les moins qu’eux.
Perception de l’élite par la non-élite Ou des 5 000 000 maux des Algériens
Dans un écrit amusant de Boudaoud Mohamed Quotidien d’Oran 10-08-09, je crois avoir reconnu les maux dont il parle et dont le nombre s’élève jusqu’à 5 000 000 ! J’en ai choisi personnellement un des plus modestes mais qui reste, comme les autres, inéluctablement mortel : il s’agit du divorce entre les citoyens et leur cité.
On peut comparer l’état actuel de la cohésion de notre homo avec son gouvernement (son adhésion par libre choix et par conviction lucide, son accès effectif à l’état de vrai citoyen) à l’accouplement des chiens.
En fait, après l’acte d’amour, un couple de la respectable race canine reste lié. Normalement après réduction de la tension de l’acte, les deux corps se libèrent l’un de l’autre tranquillement, mais quand la tension persiste, ils ne sauront, les pauvres, se libérer.
Ennuyés, (embarrassés, aussi ?), exaspérés, ils tendent chacun d’aller son chemin. Seulement ils ne pourront aller nulle part car chacun tire l’autre vers son propre « orient ». Parfois c’est elle qui le traîne, parfois c’est lui, et parfois ils restent fixes et tendus à leur place sans rien combiner... Telle est la situation de cet autre accouplement entre l’Algérien et sa classe dirigeante.
Nous ne nous rendons pas compte de notre ridicule condition, mais c’est ce que nous fait voir avec force et conviction cette scène de chiens qui, contraints par une force biologique inflexible, s’unissent malgré le risque de rester liés et malgré le ridicule (du point de vue de l’observateur humain) et l’embarras que cette relation leur cause.
Tout se passe comme si le citoyen, chez nous, ne pouvait pas concevoir, dans les rassemblements humains (villages et sociétés), le lien indéfectible qui unit l’individu au groupe ! D’où sa tendance irrépressible à ignorer les règles du groupe. D’où sa tentative absurde de continuer à tirer son partenaire vers son orient sans se rendre compte que celui-ci cherche à faire la même chose. D’où ce mouvement des Algériens qui ne concluent rien et restent sur place… à subir le ridicule, rien que le ridicule.
Un tel divorce n’existe pas seulement entre l’Etat et le citoyen mais il s’étend comme une faille dans une œuvre en céramique et se répand sur tous les groupes qui forment la société. Faille qui devient une cassure impossible à rétablir entre l’individu et les autres corps sociaux : c’est l’égoïsme sauvage, c’est l’autisme généralisé où chaque Algérien semble avoir une langue personnelle et rien d’autre !
Un lecteur m’a reproché le fait de considérer une star du Rai comme appartenant à l’élite ! Il cite à cet effet Mami (dont j’avais parlé dans le dernier article de ce blog) et Khaled qu’il traite de stupides car, selon lui, ils ne sont que des chanteurs et surtout ça sent l’Arabe chez eux !
Ce Monsieur, a-t-il une idée de ce que peut être une élite ? Dans la boite crânienne de ceMonsieur, un homme d’élite signifie d’abord qu’il ne devrait pas être chanteur et, par-dessus le marché, Arabe ! Disons que selon lui, il ne devrait pas être un chanteur arabe : avec des cheveux noirs et crépus (des traits négroïdes s’entend).
Mon critique, comme la plupart des Algériens, garde bien encore dans le fin fond de sa mémoire les leçons de morale aussi bien turques que françaises qui leur ont enseigné que l’élite c’est l’autre : si cette élite n’est pas turque, elle devrait être française, mais jamais algérienne. Car l’Algérien, quant à lui, ne peut être qu’indigène, même s’il est Mami ou Khaled !
Mon critique oublie que – indépendamment de la couleur des yeux et des cheveux, de la langue et du poids du portefeuille, de l’art et du style de vie – l’élite reste, en tant que réalité tangible, un concept relativement définissable et illustrable par des exemples disponibles.
L’élite, faut-il le répéter, c’est cette petite partie d’un regroupement humain donné qui concentre entre ses mains et dans les plis de ses méninges - si ce n’est toutes les qualités du groupe - du moins celles qui comptent le plus (les plus prestigieuses et les plus pertinentes) pour les partager ensuite avec la majorité qui, elle, en matière d’initiatives et d’originalités, n’est pas assez dotée. Et elle n’a donc qu’à recevoir et suivre des leçons et des règles de conduite.
La majorité, à elle seule, est incapable d’avoir et de donner à la fois. Pour ça il lui faut de la conscience, du savoir, du courage, de la culture et surtout de la générosité et du souci pour l’intérêt général de la cité. Comment pourrait-il en être autrement ; enchaînée comme elle est aux traditions, ensevelie sous les montagnes de corvées pour la survie, collée à l’ignorance et aux superstitions et n’ayant donc aucune intention ni aucun moyen de changer et de progresser ? Et c’est pourquoi il lui faut justement quelqu’un, de l’extérieur (qui a, lui, la langue et l’esprit libres) qui l’agite et l’ébranle pour en attiser le feu (toujours enclin à mourir) du désir et de la nécessité biologique de changer pour évoluer, et d’évoluer pour adoucir son existence.
Quant à Mami, désormais son nom voyage dans presque toutes les capitales du monde. Il a un talent certain et une voix d’or. Il a un prestige et des modes de faire qui ne sont que siens. Il a des fans qui cherchent à l’imiter ou à arriver là (ou outre) où il est arrivé. Etre comme lui, c’est être un "divo" et ça ne signifie pas avoir seulement de l’argent ou une réputation, mais avoir plus de chances et d’occasions pour apprendre la vie à la grande, apprendre à côtoyer les grands et à être, en somme, lui-même grand.
C’est ce genre d’ambitions qui manquent à homo berbericus (à la masse) et c’est ce type d’artistes et de créateurs qui manquent trop dans notre terre de Berbérie.
Nier que Mami aurait pu faire de guide (étant un Divo, puissant donc et crédible) pour l’immorale et inculte majorité (la non-élite) algérienne, c’est ou être envieux, ou bête, ou ridicule; ou tout cela à la fois. D’ailleurs ça ne devrait pas nous étonner: si on dénigre effrontément le fondateur d’une grande civilisation (Mahomet), comment voulez-vous qu’on épargne un simple meddah comme Mami ?
Un fondateur de civilisation, n’est-il pas un peu spécial par rapport au troupeau du reste des mortels ? Voudrait-il, mon critique, dire qu’il est à la hauteur de Mahomet ? Et alors il lui serait légitime de se positionner à la hauteur d’Aristote, de Saint-Augustin, de Dante, de Marie-Curie ou d’Albert Einstein? Après tout ils n’étaient que des hommes qui mangeaient la nourriture et allaient aux marchés ?
« Ils (les habitants de ce pays) n’ont sûrement pas été heureux pendant leur jeunesse. Ils ont les comportements de gens qui ont vécu dans la frustration. Ils donnent l’impression de s’attaquer violemment à un bonheur qu’ils n’ont pas connu. Il ne doit pas être agréable pour les élèves de rester des heures entières face à ces adultes qui semblent avoir beaucoup souffert. Ce qui expliquerait pourquoi ils explosent de joie à la fin des classes. » Quotidien d’Oran 10-08-09… Malheureusement !
Raisons d’un divorce
Raisons d’un divorce
Parmi les causes de ce dit divorce ou ces raisons, j’ai cité les longues périodes de domination de ce peuple par des puissances étrangères dont les Turcs et les Français. Puissances prédatrices et létales avec leurs oppression, exaction et humiliation. Puissances de mal extrême puisqu’elles ont œuvré durant leurs présences respectives - avec méthode, avec systématicité, avec rigueur, avec science et persévérance - à exclure du champs de l’histoire, du savoir et surtout de la politique le pauvre autochtone…
Leur arme idéologique fut la mystification historique, du type absurde, d’ailleurs : les Turcs seraient mandatés par Mahomet lui-même pour protéger les Algériens et la France serait l’unique et légitime héritière de Rome, avec l’impératif moral et le fardeau insupportable de nous arracher à la barbarie, de nous civiliser !!
Il n’y a pas que ces raisons historiques : il y a aussi un certain discours distillé par des milieux puissants (dont les mentors sont les fils et filles de cette Algérie même) mais inconscients des enjeux stratégiques de la vie et de la mort des nations et des conséquences heureuses ou tragiques que drainent cette vie ou cette mort sur les habitants de telles nations.
Ce langage irresponsable et plein de bourriqueries a pris la relève de ces mystifications historiques et leurs conséquences désastreuses sont là à nous crier en pleine figure leur puissance dévastatrice.
Ce langage - qui véhicule le discours de certaines couches sociales aliénées et donc nécessairement aliénantes - continue à jouer sur les mêmes cordes la même mélodie funeste.
Ce langage ne cesse de réveiller en l’Algérien les vieilles peurs du passé et l’horreur de se concevoir comme animal politique ou de se mêler de ce qui ne le regarderait point : l’intérêt général.
Mais comment a-t-on pu arriver à un tel désastre ?
Tout notre douloureux héritage historique a mûri dans notre âme profonde l’idée que l’Algérien ne devrait surtout pas s’approcher de la politique. Cet héritage, élevé à un véritable archétype, fait que notre conception de l’individu (en tant que faisant partie de la société entière) soit du type schizophrénique. L’individu est perçu comme un corps complètement étranger et incompatible avec le reste des membres de la société qui l’abrite.
Cette conception mosaïcisante (qui veut que l’individu soit comme une feuille morte et détachée de son rameau) est sans nul doute – répétons-le - le résultat du dressage (au feu et aux fers) de cinq siècles inaugurés par les Ottomans et poursuivis avec plus de persévérance par les Français.
Les Arabes, à peine eurent-ils pris l’Afrique du nord, n’avaient pas hésité à donner le vrai pouvoir aux autochtones. Plus tard ils permirent (vraiment ?) l’émergence des royaumes et des empires avec des responsables et des rois autochtones.
De ce point de vue ils se révélèrent les vrais disciples de Rome, en politique africaine : pour rafraîchissement des mémoires, l’on sait qu’il y a eu des grands hommes politiques parmi les autochtones au niveau local et même des empereurs au cœur même de Rome.
Bien sûr, les pré-requis phénicien et carthaginois ont facilité l’implantation et l’insertion des Arabes parmi les Berbères de l’Afrique du nord. Mais ces Arabes mêmes y ont mis du leur : la capacité de récupérer les peuples vaincus et les gagner à leur cause essentielle : conquérir d’autres peuples pour diffuser l’Islam. Une telle cause avait besoin de toutes les ressources.
Enfin berbericus (si on écarte les premiers moments de la conquête) ne s’est pas senti exclu, amoindri, soumis ou humilié par les conquérants comme dans les deux cas turc et français.
Juif, chrétien ou Payen, berbericus a commencé dès le début de l’ère arabe à participer (comme dans les moments successifs) à la fondation de la civilisation arabe en occident.
Hélas, autres parcours, autres destins ; autres habits, autres discours !
Notre peuple c’est à peine s’il sait lire. Il manque vachement de civisme et de sens critique. Voilà pourquoi, quand il se trouve devant les dénigreurs du gouvernement et des gouvernants, il tend à les croire… par naïveté bien sur mais aussi par opportunisme. Les dénigreurs ne font que réveiller en lui le monstre assoupi de sa débilité politique. C’est comme s’ils lui donnaient le feu vert pour sauver ce qui reste de ses droits spoliés, pour se sauver des griffes de ses gouvernants que les dénigreurs tendancieux leur présentent comme leurs bourreaux et leurs prédateurs.
Leurs dénigrements sont un chèque blanc qui libère de ses freins de décence ce peuple malade d’immoralité et d’incivisme et pas du tout totalement-innocent.
L’élite en adoptant un état différent et en se présentant comme une matrice de potentialités et de forces constructives avec sa conscience, son engagement, ses critiques qui ne sont pas des dénigrements, son indulgence, ses actions et ses projets signifie qu’elle a changé ou au moins qu’elle a commencé à/par changer elle-même. Si ensuite elle sait honorer ce changement en l’assumant, elle démontrera que le changement est nécessaire et possible.
Elle démontrera et persuadera que le changement qualitatif est lui aussi possible.
Elle démontrera que l’évolution et le progrès sont à la portée de qui les cherche et travaille pour les acquérir.
Enfin elle montrera par ça à la masse que le changement vers le progrès n’est pas seulement possible mais il est aussi source et opportunité de promotion sociale et de prestige. C’est ainsi que ces qualités confèrent à l’élite un pouvoir de persuasion et de conviction, de charisme et justement d’élite.
Les qualités morales – paraphrasant Monique Sicard - et esthétiques de l’élite quand elles deviennent tangibles et possibles, facilitent parmi les masses leur saisie et leur permettent une préparation morale et civique tout en les traînant dans le sillage de leur avancement et leur progrès.
« L’esthétique compte - dit Donald Norman -, ce qui est séduisant fonctionne mieux ».
A suivre
Smari Abdelmalek