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Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI

Essai sur la littérature - (1)

Chers lecteurs, chers éditeurs, après avoir terminé une trilogie politique "DZ - le sens de l'Etat chez les Algériens", je récidive avec ce nouvel ouvrage sur la littérature. Ouvrage en cours de préparation : il sera prêt dans six mois environ. Ce qui suit en est l'introduction.

Bonne lecture à tous. 

 

« - Alors qu’est-ce que tu écris ? fit Gobind. Approche-toi, car le jour tombe et je ne vois plus ta figure.

- J’écris sur toutes choses qui sont à la portée de mon entendement et sur beaucoup qui ne le sont pas. Mais surtout j’écris sur la vie et la mort, sur les hommes et les femmes, sur l’amour et la destinée dans la mesure de mes capacités, en racontant l’histoire par les bouches d’une, deux personnes ou plus. » Rudyard Kipling – Au hasard de la vie

 

« Apprends à tout me dire je peux tout entendre 

Ta pensée est sans honte pense à haute voix » Paul Eluard - Poésie ininterrompue 

 

Quant à moi, j’ai toujours aimé écrire et j’ai toujours aimé pour écrire. Une grande partie des écrits que je vais exposer dans cet ouvrage est le fruit d’un tel rapport un peu extravagant, cette envie de plaire, que j’ai eu avec des femmes et des hommes. Je crois qu’il s’agit d’un rapport tout à fait légitime et défendable, car je suis sûr que mes sentiments n’ont pas été faux, mais sincères et authentiques. Quand je soupirais d’amour pour quelques femmes ou quand je m’extasiais d’admiration pour quelques amis, c’est d’abord d’amour et d’amitié que je soupirais, puis d’une reconnaissance pour ces nobles âmes qui ont su m’inspirer, me montrer le chemin ou m’encourager dans mon amour… pour l’écriture.

Mon œuvre se veut réflexion sur les choses et les mœurs de l’Algérien, de l’homme donc en général, et en même temps réflexion sur la réflexion et sur le parcours. Souvent il me faut des pauses pour souffler, me corriger, me critiquer et reprendre le chemin avec plus de force, plus d’enthousiasme et plus de lumière… faire un bilan, quoi

Avoir une culture de bilan c’est vital pour notre existence non seulement en tant qu’individus scribouillards mais aussi en tant que groupes ou sociétés. Le bilan est indispensable, surtout quand on sait que notre mentalité est en chantier pérenne et qu’elle est toujours à construire, toujours à soigner.

Le bilan est en quelque sorte créateur de culture, il projette une lumière sur les zones d’ombre que les discours intéressés ou d’usage soustraient au langage, à la sensibilité et à la conscience, à la mémoire et au désir, à la joie et aux douleurs, aux rencontres et aux expériences vécues, enfin aux chemins parcourus.

Il actualise par excellence la manière qui fait que l’homme est fondamentalement différent de l’animal. Il exprime la capacité de ce primate curieux de dilater l’instant et de l’éclater pour le vivre pleinement, intensément, pour faire durer ; la capacité de voyager dans le temps ou d’en récupérer le passé et imaginer les rêves et le futur ; la capacité de se donner une discipline et de la respecter. Bref avoir la culture du bilan c’est avoir une morale, c’est se construire une culture. C’est grâce au bilan qu’on découvre nos erreurs et nos bêtises, qu’on les évite ou les corrige pour les exposer ensuite à nos semblables présents ou futurs… et c’est déjà une forme de littérature.

Si le mot littérature signifie étymologiquement dans quelques langues européennes la production de Lettres (épitres ou, par extension, combination des lettres de l’alphabet proprement dites), en arabe selon Taha Hussein elle signifie enregistrer des modes de vie et les transmettre aux autres humains, comme le soleil offre sa lumière ou la fleur son parfum, sans rien demander en retour qu’une certaine gratitude.

Cela signifie que le but recherché de l’activité de notre esprit est l’accumulation sélective des manifestations de notre vie ; en faire un roman en appréciant le beau - en le créant au besoin - et en évitant la laideur ou du moins chercher à en tirer quelque chose de beau.

L’œuvre de la culture devrait être une sorte de tribune d’où partent des critiques et des interrogations sur les tics et les lieux communs que le langage mal contrôlé, la conscience mal polie, les idées vagues, les concepts imprécis créent et cultivent … tics et lieux communs que notre esprit d’hommes charrie nécessairement en nous menant inexorablement aux mésententes, à l’incompréhension, au ressentiment, à la haine, à la terreur … à la violence et enfin au cycle infernal de rébellion/répression/vengeance…

Le local fait fonction de pont pour joindre l’universel, le particulier le général, l’épis le champ de blé, l’homme singulier l’humanité … Je crois fermement que la voie royale pour parler de l’universel humain reste celle de contempler le local et lui donner de l’importance. Je crois aussi que ce soit l’unique possibilité, car l’homme est minuscule et l’univers est immense. Le local, et c’est une autre conviction, est semblable à un morceau d’étoffe qui ne sera jamais le burnous entier, mais il n’en révèle pas moins la substance, la couleur, l’âge, la consistance, l’épaisseur et toutes les autres caractéristiques de ladite étoffe.

Il va sans dire que la partie ne peut prétendre donner une idée exacte sur les dimensions, la forme, le nom, le symbole, l’histoire et les différentes fonctions et autres macro-caractéristiques du tout. La recomposition des cendres ne reconstiute jamais l’objet calciné. 

Quant à moi je cherche à présenter le grain de culture que mon existence et ma façon d’être homme - et de procéder de l’humain - me concèdent. Ce grain, qui renferme en son sein les mœurs d’homo berbericus que je suis, consiste en la recherche de connaître la profonde Algérie avec sa littérature, sa poésie, sa science, ses martyres, ses recettes, ses exploits, ses douleurs, ses joies et fêtes, ses rêves, ses mythes, et formuler le tout dans le langage des hommes, à travers la poésie, la fiction et autres essais et rêveries… et c’est déjà littérature.

Éclairer les concepts et les idées afin de combattre l’obscurantisme, la mystification, les inhibitions, la torpeur du goût et de la sensibilité et enfin l’engourdissement de l’esprit surtout. Combattre ces vices qui caractérisent malheureusement l’humanité de l’homme, c’est encore littérature.

On ne doit pas baisser la garde si on a l’intention authentique de préparer l’avènement d’un nouveau langage et d’une nouvelle culture où seules les valeurs de liberté, justice et dignité auront droit de cité ; où il n’y aura point de place pour la médiocrité. l’arrogance et l’hypocrisie dans nos sociétés.

Il faut savoir éviter l’inutile entêtement de forcer les choses de la nature quand elles n’ont plus de secrets à nous révéler ou défoncer inutilement les portes déjà grand-ouvertes : s’il y a des choses à dire, je les dirai avec aise. Si l’inspiration vient à me manquer, il vaudra mieux me reposer et laisser se reposer mes méninges et le lecteur.

 

Abdelmalek Smari

 

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