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Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI

Le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée… en question ou de l'Ethnologie de quat'-sous (2) – 2ème Partie

 

Les « Occidentaux » ont donc dû se créer une nouvelle identité et de toutes pièces. Partout où les nouveaux impérialistes américains sont intervenus avec leurs vassaux heureux, créés par le fameux plan Marshall, ils l’ont fait - et le font encore - au nom du droit à l’ingérence humanitaire, pour sauvegarder « disent-ils » les droits de l’homme.

Inutile de dire qu’ils ne font que créer, partout où ils interviennent, chaos, désastres et désolation : Amérique latine, Vietnam, Corées, Somalie, Irak, Yougoslavie, Afghanistan, Libye, Syrie et compagnie.

Inutile de dire aussi que l’objectif des objectifs des impérialistes a été et sera toujours la création de désordres au sein de peuples petits et faibles afin de faciliter leur domination et leur exploitation et surtout de pouvoir se vanter devant leur opinion publique - et peut-être même devant l’histoire – d’avoir pu assurer la prospérité, le pouvoir et le respect de leur peuple alors que de nombreux peuples du monde sont incapables d’assurer leur pain quotidien, même en rêve !

Lesdits Occidentaux – les historiques colonisateurs - interviennent donc pour des raisons humanitaires, pour sauver les peuples gouvernés par de dangereuses dictatures non civilisées et irresponsables et qui en plus détiennent des armes de destruction de masse. Des armes qui – si elles existent vraiment – ne représenteraient pas l’équivalent d’une goutte de l’océan des armadas de ces pays prédateurs. Des armes qui ne seraient de toute façon comparables qu’aux os d’un chasseur primitif. Et puis, ces peuples n’avaient-ils pas le droit d’avoir eux aussi des armes pour se défendre ou au moins pour faire semblant de se défendre ?

Tous les peuples de la terre sont bien conscients de la contradiction des impérialistes qui ne se scandalisent point à fabriquer des armes encore plus destructrices et à les utiliser contre ces mêmes peuples, tout en les contraignant à les acheter et les incitent à utiliser en s’entretuant.

Les États occidentaux, les régimes historiquement colonialistes, agissent ainsi pour créer aussi un ennemi extérieur dont le but est de renforcer la cohésion sociale de leurs administrés ; une cohésion précaire et minée par divers problèmes sociaux, existentiels et économiques !

Il me semble que tu utilises des concepts sans vérifier s’ils sont assez solides pour soutenir la structure de l’édifice conceptuel que tu essaies de construire.

Il ne s’agit donc pas d’un retour fondamentaliste de l’islamisme. Comment peut-on parler de retour alors qu’en réalité, il n’y a jamais eu de départ ?! Je soupçonne qu’il y ait là une erreur de méthode à laquelle se prête volontiers quelque pseudo-savant, qui croit plus aux déductions de ses prémisses erronées ou fausses qu’à la réalité des phénomènes.

Pour clarifier cette idée, je propose une troisième lecture de ce que tu as appelé retour fondamentaliste de l’islamisme.

Une valeur partagée par un groupe est la propriété de tous les membres du groupe. Ce groupe accomplit la tâche de préserver ses valeurs en les faisant vivre et en les vivant au sein de la communauté. Il peut arriver que la plupart des membres du groupe l’oublient, à tel point qu’ils nous semblent s’en éloigner définitivement. Mais le groupe sait que là, quelque part dans la société, dans un coin retiré de l’inconscient collectif, il y aura toujours une braise vivante de la valeur, hypothétiquement éteinte à jamais, qui continue à couver sous les cendres de l’oubli présumé et à fournir une énergie vitale et une nouvelle vie à l’identité du groupe.

Il est très probable que les sociétés humaines ressemblent à des individus. On sait désormais avec la psychanalyse que dans le domaine de la mémoire aussi, rien ne se détruit et rien ne se perd, tout retourne plus ou moins avec la même substance et la même vigueur.

En ce sens, le soi-disant islamisme – il vaut mieux dire la dimension spirituelle du musulman - sera une mémoire qui ressuscitera pour éclairer le  chemin identitaire du musulman et le nourrir de l’énergie nécessaire pour s’assumer envers soi et envers le monde. Il s’agit en quelque sorte de changer le fusil d’une épaule à l’autre.

La crise identitaire ne donne pas lieu nécessairement à un recours à des formes d’intégrisme. À mon avis, le fondamentalisme n’existe pas ; tout ce qu’il y a c’est une forme de résistance énergique et têtue à une situation d’hégémonie et d’oppression (l'Etat ou une puissance étrangère). A chaque fois qu’un dominateur tente d’imposer sa culture à l’individu ou au groupe qu’il domine, il se heurte à des résistances. Et c’est une réaction naturelle ; et c’est juste et c’est normal qu’il en soit ainsi.

Alors c’est cette culture même de l’envahisseur qui devrait se sentir en crise. Si nous donnons à cette culture intruse une âme pour sentir et une langue pour s’exprimer, elle nous dira : « Qu’est-ce que je fais ici, où il y a déjà une culture, une identité, une âme plus vivante, plus voulue, plus assumée, plus aimée et plus efficace de ce que j’ai apporté et ce que je m’apprête à proposer-imposer ? »

En l’absence d’un tel aveu, l’Occident s’est arrogé le droit de nous dire : « votre culture ne fonctionne plus. C’est la crise pour vous ! Vous n’avez pas d’autre choix que d’adopter la culture occidentale, qui est, comme vous le savez, moderne et la seule qui vaille. La vôtre est une culture médiévale, inadaptée à notre époque : elle engendre le repli sur soi, l’intolérance, l’obscurantisme, le totalitarisme et le non-respect des droits de l’homme. Vous savez que nous, les Occidentaux, ne permettons pas qu’une telle culture barbare puisse encore exister. Elle doit être combattue sans pitié et sans trêve jusqu’à la reddition totale sans conditions. D’ailleurs il s’agit d’une menace réelle et à peine voilée ; une menace que Samuel  P. Huntington a annoncée dans son « Le choc des civilisations ».

Je ne suis pas le seul à soutenir qu’une telle crise d’identité ne soit pas l’apanage des pays non-occidentaux. tout le monde sait qu’elle envahit tous les pays du monde y compris les pays dits occidentaux eux-mêmes, historiques ou arrivistes.

En plus ledit Occidental n’a rien de spécial même s’il boit plus de coca-cola ou chausse des espadrilles Nike ou écrit en caractères latins et de gauche vers la droite.

Chère Cinzia, ne pense pas que je suis si polémique pour le seul plaisir de bavarder ; il s’agit seulement de lire la vie et les choses de la vie à ma manière. Il est rare que je puisse écrire ou penser autant de choses à partir de la lecture d’un simple texte. À mon avis, plus une œuvre fait parler, plus elle est digne d’intérêt. Quant à moi, je ne lis pas juste pour dire que tel ou tel concept n’est pas valable ou pour dire que telle ou telle analyse n’est pas objective ou n’est pas profonde, mais pour applaudir aussi et, même, jubiler quand l’écrit prend un envol poétique ou quand il démasque quelque bêtise ou enseigne quelque vérité.

Je suis tout à fait d’accord avec ton interviewée sur le phénomène de la prostitution. En fait ce phénomène peut être une forme de recherche du profit ou une forme de traite qu’un éventuel proxénète exerce sur la prostituée, comme elle peut être une forme d’abandon libre de l’individu à son instinct dès lors qu’il se trouve loin de tout contrôle social de son groupe. Elle peut être enfin une occasion ou un espace où l’individu exerce sa propre liberté, en le vendant gratuitement. C’est une manière comme une autre de revendiquer la propriété de son propre corps jusqu’ici confisqué ou hypothéqué ou aliéné.

Je suis également d’accord avec l’hypothèse selon laquelle la condition de l’immigrant ne crée pas la prédisposition à la prostitution ; mais si la personne a recours à la prostitution dans le pays d’accueil, c’est qu’elle s’est déjà prostituée dans son pays d’origine ou du moins qu’elle y était déjà bien disposée à emprunter une telle voie.

Abdelmalek Smari

 

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