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Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI

Le nationalisme est patriotisme - Lettre à un ami sur le sujet (7 et Fin)

 

Voilà une vérité qui est systématiquement, scientifiquement et sciemment cachée, d’abord à la très mauvaise conscience des « antisémites de souche » et autres nazis, puis au troupeau des soi-disant Arabes et enfin aux musulmans de toute la terre.

Au lieu de cette vérité, les vrais ennemis des Juifs, essaient de nous faire croire par de fausses preuves que les Arabes sont les ennemis naturels des Juifs. Et maintenant, pour cacher leur responsabilité dans la misère et la persécution des Musulmans, ils les accusent ces derniers d’être des ennemis jurés du soi-disant Occident. Ils pensent qu’ils réussiront ainsi à faire oublier à l’histoire et à la mémoire de l’humanité présente et future leurs crimes de génocide, d’esclavagisme, de colonialisme et de Shoah !

Mais si les Arabes tombent dans le panneau parce qu’ils n’ont pas encore la sérénité nécessaire pour pouvoir comprendre où se trouve la vérité, les Juifs, eux, ne sont pas si niais que ça. Ils savent bien ce qu’ils veulent, pourquoi ils le veulent, comment ils l’obtiennent et ils n’oublient jamais que leur véritable ennemi d’hier - qui risqua de les rayer de la surface de la terre - pourra rechuter dès que les mêmes conditions se seraient de nouveau réunies, c’est-à-dire si les Juifs commettent l’erreur fatale et quittent leur terre pour se retrouver à nouveau un peuple errant, sans terre ni refuge. Un peuple sans défense.

Et il n’est pas dit que c’est justement pour cette raison, pour atteindre cet objectif stratégique, que les antisémites d’hier et d’aujourd’hui poussent les Arabes et les Musulmans, et pas seulement ceux de Palestine, à tout faire pour dissuader Israël de continuer à habiter la terre où elle se trouve actuellement. Les Juifs, les Israéliens en tête, connaissent parfaitement cette stratégie de l’enfer et sont assez immunes - même si tu trouves le mot immunité impropre – ou vaccinés et historiquement conscients. La preuve en est le même sondage/rapport qui a été conçu d’une manière si tendancieuse pour qu’il ne puisse que fournir des réponses contre les Juifs d’Israël et les faire apparaître comme l’incarnation du mal.

Les auteurs d’un tel Rapport savent que les Justes et les moins idiots de la race humaine secouent la tête d’indignation après avoir lu ledit rapport. Mais tous les anti-juifs, en particulier les crétins parmi les soi-disant Arabes, y ont vu la preuve qu’Israël et les Juifs sont le mal de ce monde. Et il n’est pas dit qu’un tel Rapport ait été justement conçu pour réveiller de sa torpeur, la haine artificiellement créée et recréée des soi-disant Arabes envers leurs frères les Juifs.

L’agressivité d’Israël est donc différente, même si elle est proche de celle des États-Unis, qui, elle, est très cruelle et en plus elle est à l’échelle planétaire.

Je parie que si un jour les manœuvres des anciennes puissances toujours antisémites cessent de harceler les Israéliens et les Juifs en général et cessent d’inciter les soi-disant Arabes et le reste des Musulmans contre eux, nous découvrirons, comme par enchantement, un Israël qui est indulgent, sage, pacifique et très sympathique même à des gens comme Ben Laden. Je parie aussi que sa terre redeviendra cette même terre sainte de l’humanité civilisée... terre de prêtres et de prophètes, terre de gens de livres... La Terre, dont le génie ne s’arrête pas (- s’est-il arrêté un jour, peut-être, pendant les millénaires de son existence ?! - de fournir la connaissance, l’art et la paix.

L’agressivité d’Israël est donc non seulement explicable mais aussi, d’un certain point de vue, elle est nécessaire, elle est justifiable.

L’unité de religion peut fonctionner dans une entreprise de libération d’un peuple mono-religieux.

La Palestine qui compte plus d’une religion, toutes antagonistes les unes aux autres, la religion ne pourrait pas fonctionner et ne fonctionnera jamais comme un élément de libération ; bien au contraire, elle ne fait que briser la résistance de la communauté en lutte en créant des conditions propices à son implosion.

En témoigne le Hamas, une énième faction introduite par Israël dans le corps déjà morcelé pour démolir la résistance palestinienne. Et ce n’est pas moi seulement qui le dis ; « Nous pensons – dit Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne - qu’une solution à deux Etats [israélien et palestinien] doit être imposée de l’extérieur pour ramener la paix. Même si, et j’insiste, Israël réaffirme son refus [de cette solution] et, pour l’empêcher, est allé jusqu’à créer lui-même le Hamas ». https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/20/le-chef-de-la-diplomatie-europeenne-josep-borrell-accuse-israel-d-avoir-cree-et-finance-le-hamas_6211874_3210.html?lmd_medium=email&lmd_campaign=trf_newsletters_lmfr-[a-la-une]-20240120-[zone_edito_1_titre_2]&M_BT=40728340444070

Une telle faction, sauf miracle, ne saurait servir la cause palestinienne, car elle se base sur la religion islamique. Or celle-ci n’est certes pas un facteur rassembleur puisqu’elle tend à exclure les autres communautés des résistants. Ça fonctionnerait si le territoire de la Palestine revendiqué par les Palestiniens se réduisait à la seule bande de Gaza. Mais les Palestiniens ne sont pas tous des Gazaoui.

Si les Palestiniens pouvaient renoncer au facteur religieux au profit d’un nouveau facteur plus rassembleur – ce sont eux qui devraient se l’inventer - au lieu de s’exclure les uns les autres et de se faire des ennemis les uns des autres, quelque chose d’utile et de bon pour eux et pour Israël lui-même en sortirait sûrement. Mais ce que nous constatons, dans toute cette mosaïque de confessions et de factions, c’est que personne ne comprend plus rien et personne ne peut donc faire quoi que ce soit de bon pour la cause de la libération du peuple palestinien.

Du reste, les Palestiniens ont-ils vraiment le choix et le pouvoir de s’unir ? Bien sûr que non, car les puissances prédatrices font tout ce qu’elles peuvent pour s’assurer que rien de positif ne soit fait entre les Israéliens et les Palestiniens. Et ils y ont intérêt : ils doivent effacer le souvenir des torts qu’ils avaient faits à tous les damnés de la terre et surtout au peuple juif qui avait risqué de disparaître par leurs mains. Ces antisémites de souche veulent que le monde se détourne de ce souvenir embarrassant qui les blesse non seulement aux yeux de leur propre conscience, s’ils en avaient une, mais surtout aux yeux du monde qui les a démasqués et ne cesse de leur rappeler, entre autres crimes, la tentative d’exterminer les Juifs.

Comme le disait à juste titre Sternhell à propos du fascisme français, qui, selon cet historien, était plus proche de la dictature nazie que de la dictature fasciste : « Voilà pourquoi un effort historiographique extraordinaire a été fait depuis un demi-siècle non seulement pour dissocier la société française du régime de Vichy et pour liquider la Révolution nationale de l’histoire de France, mais simplement pour faire oublier ses crimes. » Pour cacher, j’ajoute, leur antisémitisme d’hier et d’aujourd'hui, que l’islamophobie ne peut remplacer. Et Sternhell résume : « Il fallait que Vichy disparaisse de la conscience nationale et que l’épopée de la France libre et de la Résistance soit celle de la France entière... »

C’est pourquoi les régimes prédateurs, protecteurs présumés d’Israël, insistent sur le facteur religieux comme seul fondement des sociétés damnées par l’histoire et les empires. Ils insistent sur la religiosité d’un système politique radicalement allergique à une autre religion, figurons-nous à un tas de confessions et d’idéologies différentes et hostiles les unes aux autres.

Mais malgré l’apparent accord, Israël est gênant pour ces prédateurs, et c’est pourquoi ils lui créent continuellement des obstacles stratégiques. Il semble qu’ils ne soient pas encore prêts à pardonner aux Juifs, représenté désormais par l’État juif, le fait d’avoir pu échapper à l’extermination. Et ce n’est pas une coïncidence si les Juifs continuent à crier à l’antisémitisme dans ces mêmes pays qui se croient être les descendants directs du Père éternel et qui prétendent être leurs alliés, leurs amis et leurs bons protecteurs.

Toutefois, avec ces considérations, je n’entends pas revendiquer le statut de victime absolue ou de pleurnichard patenté, non : du point de vue philosophique, je suis plus proche de l’individualisme. C’est-à-dire je suis quelqu’un qui se considère seul responsable de sa propre vie, de son destin ou de son devenir. D’autant plus que la conception de la liberté ne peut jamais être dissociée de son corollaire la responsabilité.

Je voulais tout juste dire quelques-unes de ses vérités au monde, à l’histoire plus précisément. La tragédie est souvent une tragédie pour ceux qui la subissent et la vivent. Je ne peux pas ignorer le fait que chaque pays et même chaque personne puissent avoir leurs propres contradictions, mais je ne peux pas oublier, pour ce qui me concerne – parce que je les vis encore – les injustices que les Algériens ont subies de la part de leurs deux bourreaux historiques : les Ottomans et les Français ; les Français surtout. Dans une lettre du 18 juin 1844, un général de la conquête, Armand Jacques de Saint-Arnaud, futur ministre de la guerre, avait résumé la stratégie de l’occupant français en déclarant : « Je ne laisserai pas un seul arbre debout, ni une tête sur les épaules de ces misérables Arabes. [...] Je vais tout brûler et les tuer tous. » Deux systèmes barbares qui nous ont dépouillés de notre terre et donc de notre dignité, nous donnant l’humiliation comme seule patrie.

Et si nous nous sommes rebellés, c’est pour avoir une patrie ou, mieux encore, pour reconquérir notre terre, notre dignité. Le tort des Français était absolu, atroce, impardonnable parce qu’il avait pour fin, comme le dit Albert Memmi, de jeter les indigènes algériens hors de l’histoire et hors de la ville. Alors que, comme disait Mouloud Feraoun : « Il est inhumain de massacrer des indigènes qui savaient que l’Algérie leur appartenait et qui n’ont rien de commun avec les Français. » - Mouloud Feraoun - Journal 1955-1962

En fait, comme Feraoun lui-même l’a dit dans un autre passage, « la vérité est qu’il n’y a jamais eu de noces, les Français sont restés étrangers. » Quant aux Arabes - il vaut mieux dire Algériens - comme l’écrivait alors Théophile Gautier : « ils défendaient leur religion et leur pays, [...] ce sont des saints et des martyrs. »

Mais nous les avons aussi combattus pour une raison qui peut paraître incroyable – puisque nous avons été qualifiés exclusivement d’homo islamicus – l’émir Abdelkader, le père refondateur de l’État algérien moderne, avait écrit au duc d’Aumale : « J’avais suivi vos soldats dans les environs de Médéa pour essayer de récupérer quelques bouts de papier qu’ils avaient arrachés des livres. »

Il avait alors perdu environ sept cents manuscrits qui remplissaient les étagères de sa bibliothèque ; une bibliothèque que la chasse à l’homme avait rendue itinérante. L’émir, comme tous les résistants algériens, a combattu la France coloniale non pas pour des raisons religieuses, mais comme il l’avait proclamé dans son discours d’investiture en tant qu’émir « pour chasser et vaincre l’ennemi qui envahit notre territoire dans le dessein de nous imposer son joug ». Tel resta l’objectif des Algériens jusqu’au 1er novembre 1954, date à laquelle les fils de La Toussaint, nos révolutionnaires, l’écrivirent clairement dans la Charte du Congrès de la Soummam : la Révolution algérienne « est une révolution organisée et non une révolte anarchique. C’est une lutte nationale pour détruire le régime anarchique de la colonisation et non une guerre religieuse. C’est une marche en avant dans le sens historique de l’humanité et non un retour vers le féodalisme. C’est enfin la lutte pour la renaissance d’un État algérien sous la forme d’une république démocratique et sociale et non la restauration d’une monarchie ou d’une théocratie révolues. »

« La conclusion, m’as-tu écrit, est que nous devons libérer le monde méditerranéen du virus de l’État-nation et aller vers une structure communautaire avec le Moyen-Orient, semblable à celle qui a été tentée en Europe... Même si ce ne sera pas possible avant cent ans. »

Pourquoi cette obstination à vouloir m’insérer dans la boîte abominable et, pour moi, très étrangère et étroite du Moyen-Orient ? Veux-tu donner encore un alibi aux puissances dominatrices pour nous exterminer, cette fois pour de vrai, parce qu’un hyper-État au Moyen-Orient signifie une menace mortelle pour elles et pas seulement pour elles, puisque le soi-disant Occident est un multi-bloc ?!

Non, je t’en remercie beaucoup, Roberto. Je ne marche pas. Je ne veux vraiment pas de tels conseils. Les pères refondateurs de l’Algérie, les générations de la lutte pour l’indépendance et notre peuple m’ont tracé avec leur sang et leurs larmes des frontières et m’ont dit quelle est ma terre et quelles sont ses limites. Libre donc aux Orientaux de s’organiser comme ils le souhaitent. Mais l’Algérie n’est pas prête à revivre l’enfer ottoman et encore moins l’enfer français. Nous avons déjà donné l’autre joue, comme l’a dit le Divo, et le Seigneur ne nous en a donné que deux.

Merci quand même et bon été !

 

Abdelmalek Smari

 

 

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