Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI
Il va de soi qu’avec ces rappels macabres, je ne voudrais nullement hausser le cœur des lecteurs ni inviter les héritiers des victimes à exécrer les descendants des bourreaux et nuire à la France ; ce serait alors un acte aussi infâme que ceux des féroces et sans dignité conquérants de l’Algérie, les Bugeaud, Pélissier, Saint-Arnaud, Changarnier, d’Hérisson, Montagnac, Lamoricière, Cavaignac...
Non !
La question est que la mémoire c’est le pardon.
Cœur encore meurtri,
Tu veux crier au monde
Et à la face des hommes,
Comme Colette avant toi
Et Francis Jeanson
Enfants honnêtes et justes
D’une France qui a perdu sa Raison
Et ses Lumières et ses Droits :
Comment oublier les cauchemars
De la longue nuit coloniale
Qui a plongé dans l’horreur de toujours,
Dans l’oppression, dans la servitude
Ces âmes damnées,
Ces Algériens, ces Algériennes,
Souvent et volontiers donnés
Pour des non-hommes,
Par la patrie des droits de l’homme,
Pour des êtres vils et inutiles ?!
Comment oublier El-Ouffia,
Ce village surpris,
Aux premières lueurs de l’aube,
Par cette autre France
Immonde et injuste
Sortie de nuit le 6 avril 1832,
Égorgeant en plein sommeil,
Un à un,
Dans leurs demeures,
Des innocents, tous anéantis,
Les malheureux, tous égorgés,
Sans avoir le temps de dire Ah de dire Oh ?!
Comment oublier l’expédition
De ces chevaliers de l’infâme,
Qui portaient les têtes,
De ces Algériens et Algériennes,
Sur la pointe de leurs lances,
Et en vendaient le bétail à l’agent consulaire du Danemark,
Etalant comme une marchandise
Dans la poussière de Bab Azzoun,
Des bracelets de femmes qui entouraient encore
Des poignets coupés et des boucles d’oreilles
Aux lambeaux de chair encore attachés,
Vendus et partagés entre les égorgeurs ?!
Comment oublier la barbarie de cette France,
Quand le soir même de cette journée-là,
Où le sang ne fut pas encore séché,
Et les pleurs encore à flots coulaient,
Cette France aux Algériens ordonna
D’illuminer leurs demeures,
Et de danser de joie ?!
Comment oublier les fumades ?!
Comment oublier la plus belle razzia,
Des autres villages algériens,
Où cette France de voleurs et d’assassins,
S’emparait de 25.000 moutons,
Et de 600 chameaux chargés d’autres biens encore ?!
Comment oublier le plaisir sadique,
Du général Baraguay d’Hilliers,
Devant la tête d’un Algérien,
Et sa main, l’une et l’autre,
Cruellement tranchées,
La tête empalée sur la pointe d’une baïonnette,
Et à la baguette d’un fusil la main accrochée ?!
Comment oublier la bigoterie mesquine
De ce Rovigo civilisateur
Qui brulait de désir
De transformer en églises
Les mosquées de la ville ?!
Comment oublier 1867, la terrible famine
Qui faucha 500.000 Algériens ?!
Comment oublier ces têtes des martyrs,
Qui gisent encore, en prisonnières,
Dans des morgues à Paris
Qu’on appelle musées de l’homme ?!
Oublier ces horreurs c’est oublier
Le 8 mai 45,
Oublier ces horreurs c’est oublier
Le napalm
Et des millions de martyrs.
07/06/2024 – 12 : 00 Milan
Abdelmalek Smari