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Vues et vécus en Algérie et ailleurs. Forum où au cours des jours et du temps j'essaierai de donner quelque chose de moi en quelques mots qui, j'espère, seront modestes, justes et élégants dans la mesure du possible. Bienvenue donc à qui accède à cet espace et bienvenue à ses commentaires. Abdelmalek SMARI

APOSTILLE à « Une nouvelle de Sami Habbati »

 

 

الحدث

قصّة قصيرة : سامي حبّاطي، الجزائر

 

 

« Je suis sûre que ton combat portera un jour ses fruits car l'arabe ne disparaîtra pas et les gens en prendront soin avec les années ou les siècles. » Cynthia Ugazzi

 

 

J’ai dit ci-haut, dans cette série d’articles, qu’un Français qui n’arrive pas à honorer sa langue, qui oserait la malmener comme les Arabes  malmènent la leur, ne pourrait pas continuer d’une façon béate, sans sentiment de culpabilité ou de honte, à se considérer français.

En voici un petit témoignage – spontané, dirais-je :

« Oui je comprends tout à fait car au début j'étais très très mauvaise en orthographe et grammaire et en écrivant, je me suis très souvent faite reprendre vertement. Au début je trouvais ça méchant d'être si agressif alors que ce n'était pas de ma faute si j'étais mauvaise. Mais avec les correcteurs humains ou automatiques j'ai fait des progrès et je m'intéresse depuis aux origines des alphabets et des langues et ces problématiques sont très importantes. Je suis sûre que ton combat portera un jour ses fruits car l'arabe ne disparaîtra pas et les gens en prendront soin avec les années ou les siècles. »

 

Chère Cynthia,

Oui, il faut connaitre l’arabe pour pouvoir comprendre avec plus de détail ce que j’ai écrit… je vais essayer de te fournir quelques unes des caractéristiques sui generis de cette langue et te permettre par là de te rapprocher de notre sujet. C’est d’ailleurs de ton droit de lectrice…

J’ai utilisé un peu de concepts qui sont simples et reconnaissables de tous les usagers de cette langue.

  • La cheddeh, par exemple est un signe qu’on met sur la lettre qu’on veut doubler : intelligent, en arabe, serait écrite avec un seul L et la cheddeh au-dessus. Si par exemple, tu te trouves avec ces deux verbes que je transcris de la manière suivante : kataba (écrire) et Kattaba (faire écrire), sans la cheddeh (et le contexte parfois) tu n’as aucune possibilité de savoir de quoi le discours retourne. C’est – parmi tant d’autres – ce genre de négligence que nos amis arabes (de tout l’arabe écrit de l’océan au golf arabique, sauf rare exception) ont tendance à commettre.
  • Les harakate (littéralement mouvements) sont elles aussi des signes qu’on met sur la lettre ou au-dessous (qu’on double ou qu’on laisse single) pour vocaliser les paroles. Souvent, les Arabes apprennent à s’en passer car en intériorisant leur langue, ils apprennent presque par intuition que les mots de l’arabe ne sont pas infinis et qu’ils appartiennent à l’un ou à l’autre de la cinquantaine des moules de mots. Par exemple les agents (participes passé ou présents) des dix formes usuelles des verbes se ressemblent en nombre de consonnes et en nature de la voyelle. Et ici, il serait ennuyeux de surcharger les consonnes de voyelles inutiles. Mais le problème c’est que la langue arabe n’est plus seulement arabe ! Si dans un texte je dois écrire ton nom, omettant la vocalisation, les harakates, personne ne pourra lire ton nom, même ceux qui savent que le nom Cynthia existe. Donc, le problème c’est quand nos écrivains (pas seulement les littérateurs, mais tous les utilisateurs de la graphie arabe, tous les Arabes) se trouvent dans une situation d’ambigüité pareille (et les ambigüités existent à tonnellate, comme disent les italiens, dans chaque langue et dans le moindre des discours, et dans tous les discours) - stupidement ou par paresse mentale, ou par mépris de la propre langue tout court – nos écrivains, dis-je, s’en fichent complètement que leur lecteur lise cynataia, cynithia, souinithyia… et c’est malheureux, n’est-ce pas, criminel, idiot ! 

Quant aux « consortium de linguistiques et de littéraires arabes… », je crois que ça existe d’abord au niveau central de chaque pays arabe une espèce d’académie, au niveau des associations et des fondations (de chaque pays), puis il y a les organisations internationales de l’ONU, de la Ligue arabe, et enfin de l’initiative personnelle des individus…

Mais cela ne fonctionne pas à plein régime ni pourrait être optimisé… les raisons sont plusieurs, mais il y’en a deux principales : la décadence historique et l’absence de sérénité actuelle…

Saddam par exemple donnait 100.000 dollars comme prix littéraire et scientifique … on l’avait assassiné comme on a liquidé plusieurs états arabes…

 

Impuissance et insécurité

Cette situation d’impuissance et d’insécurité ne va surement pas entamer la grasse médiocrité qui nous tue.

Bien entendu, nos littérateurs, assommés par l’aliénation et l’égoïsme, par le bougnoulisme chronique, ne nous aident pas, eux, non plus.

Bien au contraire… Comme je le disais de Rachid Boudjedra qui avait malmené la langue arabe dans son roman « La prise de Gibraltar ».

Il l’avait malmenée pour deux raisons principales et une troisième pour égoïsme (il avait fait de la langue arabe, par ignorance, un cobaye !) :

1 – il savait que personne n’allait lui demander des comptes. Il savait qu’il n’y avait pas une chose qui s’appelait « consortium de linguistiques et de littéraires arabes qui pourraient veiller sur la dignité de la langue arabe et des lecteurs arabes).

2 – il s’en foutait éperdument du monstre qu’il pourrait faire de cette langue martyre (d’ailleurs l’arabe ne serait – selon ces intellectuels atteints de bougnoulisme - que la langue des bédouins et des primitifs analphabètes !).

Il avait agi comme les gargotiers et bougnoules de sa race, qui se meurent de honte à l’idée de confondre le verbe être (est) avec la conjonction (et), mais qui pourraient discourir pour des siècles dans un charabia (arabe) sans honte, et avec un certain orgueil de parfaits ridicules !!!

Quant au documentaire (voir : https://www.youtube.com/watch?v=_dDesWkKdoE ), on voit bien que la discussion touche à l’autre volet des problèmes que j’ai soulevés dans ma série d’articles en question : le problème de la ponctuation.

Là aussi les Arabes (les usagers de l’arabe) donnent à croire qu’ils ignorent complètement cet accessoire pourtant indispensable non seulement pour l’élégance et la clarté des discours, mais surtout pour leur sens même.

Ce verset, dont les deux bonhommes discutent dans ce documentaire, est problématique, car il n’a pas été segmenté originairement par une ponctuation précise… et alors tout ce que dira un gargotier ou un Averroès s’égaleront : un avis équivaudra son contraire, et c’est le comble de l’absurde…

En débattre sérieusement ne serait qu’une masturbation mentale pérenne !!!

Chère Cynthia, j’espère que tu comprendras quelque chose dans tout ce charabia que je te propose… mais je suis à ta disposition (et à celle de tous mes honorables lecteurs) pour m’expliquer mieux, si besoin en sera.

Merci.

 

Abdelmalek Smari

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